Pr Dominique Drouin : collaborer pour mieux innover

Actuellement directeur adjoint des infrastructures au 3IT, Dominique Drouin a fait partie de la première cohorte de professeurs qui se sont intégrés au 3IT à son ouverture. Découvrez le co-directeur de la plateforme des nanotechnologies, membre du Laboratoire Nanotechnologies et Nanosystèmes (LN2) et titulaire de la Chaire CRSNG/IBM sur l'intégration hétérogène de haute performance, qui est passé maître dans l’art d’innover avec des partenaires industriels!

Formation :
1998 — Postdoctorat en microscopie électronique, University of Technology (Sydney, Australie)
1998 — Doctorat en génie mécanique, Université de Sherbrooke
1994 — Baccalauréat en génie électrique, Université de Sherbrooke

Arrivée au 3IT — 2012 (année de l’inauguration du bâtiment)

Comment la philosophie du 3IT vous rejoint-elle?

Je dirais qu’elle me rejoint par la facilité de collaboration. C’est le point majeur que le 3IT a apporté et qui me tient à cœur depuis de nombreuses années. J’ai d’ailleurs initié cette façon de faire lorsque j’ai commencé comme jeune professeur à la Faculté de génie. Nous avons instauré une structure pour gérer le laboratoire qui était plus collégiale, où tout le monde pouvait participer au financement, accéder aux équipements et collaborer.

C’était une des premières plateformes de ce genre qui voyait le jour sur le campus. Cela a vraiment posé les bases du 3IT, car nous avions le désir d’étendre ce fonctionnement à tous les laboratoires. Cet esprit de collaboration facilite beaucoup la vie des jeunes professeurs qui arrivent, car ils ont accès à des laboratoires et à des équipements de pointe dès le premier jour.

J’aime aussi qu’au 3IT, on partage les ressources entre plusieurs équipes en fonction de leur expertise. Cela permet de réaliser des projets de plus grande envergure, avec plus de portée, et qui sont en adéquation avec les besoins de l’industrie!

Quelles sont vos plus grandes réalisations? 

Dans le passé, nous avons développé et fabriqué un transistor monoélectronique ayant le record mondial en termes de température d’opération. Cette percée a permis d’établir une collaboration forte avec STMicrolectronics en France et d’initier un projet majeur avec des chercheurs de l’INSA Lyon et d’IBM pour l’intégration de ces transistors sur puces microélectroniques.

Ce projet a notamment mené à la création d’un laboratoire commun entre le LN2 et STMicroelectronics et de trois chaires industrielles avec IBM.

Cette expertise unique en assemblage microélectronique et cette collaboration avec la France nous a amenés à participer à un projet majeur de plusieurs millions de dollars dans lequel un module microélectronique a été entièrement fabriqué chez nous, puis testé dans des laboratoires en Grèce et au LETI en France. Le projet « European Exascale Processor & Memory Node Design » – ou Exanode – faisait partie d’un consortium très large avec des entreprises de partout en Europe, et visait le calcul haute performance. C'était un projet ambitieux et très intéressant!

Nous sommes sur le point de réaliser les premiers systèmes d’intelligence artificielle entièrement fabriqués et intégrés à Sherbrooke, qui visent des applications d’informatique en périphérie pour lesquelles le niveau de consommation énergétique est critique. C’est un succès très intéressant qui s’en vient au niveau de la valorisation de la recherche.

En ce qui concerne les subventions et la portée de la recherche, nous avons réussi à bien équiper les laboratoires du 3IT avec des équipements de pointe qui nous permettent de réaliser des projets de recherche en partenariat avec l’industrie!

Quelle habitude vous caractérise en tant que chercheur? 

J’aime bien être capable de collaborer avec mes étudiants, avoir des interactions avec eux, et non faire seulement de la gestion de recherche. J’aime les discussions impromptues dans les corridors ou entre deux réunions à mon bureau.

Je trouve ça important de créer une ambiance conviviale, dynamique et agréable au sein de mes équipes.

Évidemment, c’est plus difficile en ce moment avec le travail à distance. Ce qui me manque, ce sont les réunions non planifiées. Normalement, je dis toujours à mes étudiants de venir à mon bureau, de rentrer si la porte est ouverte et de venir me poser leurs questions. Mais avec Teams, on dirait que c’est plus « formel », donc les étudiants le font moins ces temps-ci, c’est moins spontané.

Comment l’interdisciplinarité se manifeste-t-elle dans votre quotidien au travail? 

Je collabore depuis des années avec des chercheurs du Département de physique à la Faculté des sciences, notamment dans le cadre de recherches plus fondamentales à travers l’Institut quantique. Les domaines de recherche sont tellement vastes, allant de la microfabrication à la manipulation du spin d’un électron, que la collaboration avec des experts en quantique est essentielle pour le succès de la recherche.

Nous avons également des collaborations avec des chercheurs en génie de l’informatique afin de réaliser des dispositifs adaptés pour tester des algorithmes d’intelligence artificielle, et bien plus. 

Ce genre de collaboration est essentiel pour nous aider à innover.

À quand remonte la découverte de votre intérêt pour la science?

Fabriquer des choses m’a toujours intéressé, tout comme le génie, le développement et les technologies. Déjà au secondaire, j’appréciais tout ce qui concernait la physique, les projets de laboratoires, etc.

Dès mon premier stage à l’université, j’ai trouvé un emploi dans un groupe de recherche, et très rapidement, j’ai pris goût à m’impliquer dans des projets qui mènent éventuellement à une publication. Le concept de faire des recherches et de les publier pour qu’elles soient lues et citées par d’autres m’a tout de suite fasciné! Et maintenant, je m’intéresse de plus en plus à la recherche orientée vers les applications concrètes.

Quel « impact » désirez-vous générer en société à titre de chercheur? 

De mon point de vue, le plus intéressant, c’est le transfert technologique. Mener des projets qui conduisent à la fabrication d'un produit, d'un prototype ou d'un procédé qui sont réutilisés par l’industrie par la suite, c’est très motivant. Quand nos recherches sont reprises par des entreprises, qu’elles se rendent entre les mains des consommateurs et qu’elles influencent la société, c’est très gratifiant.

Vous souhaitez collaborer avec Dominique Drouin? Consultez les projets de recherche qu’il souhaite combler actuellement :  
https://bit.ly/39xXn2W