Pr Luc Fréchette : quand persévérer est la clé

Après avoir enseigné pendant quatre ans à l’Université Columbia à New York à la suite de ses études, Luc Fréchette est devenu professeur au Département de génie mécanique de l’Université de Sherbrooke. À l’ouverture du 3IT en 2012, il a tout de suite été conquis par le concept multidisciplinaire de l’institut. Apprenez-en davantage sur le directeur scientifique au 3IT, dont les mots d’ordre sont persévérance et positivisme!

Formation :
2000 — Doctorat en génie aérospatial et microtechnologies, Massachusetts Institute of Technology (États-Unis)
1997  — Maîtrise en génie aérospatial, Massachusetts Institute of Technology (États-Unis)
1994 — Baccalauréat en ingénierie, École Polytechnique de Montréal (Canada)

Arrivée au 3IT — 2012 (depuis l’inauguration du bâtiment)

Quel est votre mandat actuel au 3IT?

J’ai d’abord un rôle de directeur scientifique, donc j’assiste le directeur de l’institut Richard Arès et le reste de l’équipe afin de développer la vie et la culture scientifique au 3IT. Notre but, c’est de consolider la synergie naturelle et organique qui existe déjà entre les membres en plus d’aider nos collègues à s’épanouir professionnellement et de maximiser l’impact des travaux de chacun.

Je suis également directeur des partenariats scientifiques au C2MI. L'objectif est de connecter le monde académique avec les partenaires industriels, ce qui me tient beaucoup à cœur.

Finalement, je travaille sur des microsystèmes électromécaniques, à l’interface entre le génie électrique et le génie mécanique.

Quelle habitude vous caractérise en tant que chercheur?

J’aime toujours trouver le positif dans une situation et regarder vers l’avant. Certaines choses peuvent aller mal, mais il faut toujours se demander ce qu’on peut en apprendre. À l’inverse, quand quelque chose va bien, il ne faut pas s’arrêter là, mais se questionner sur comment ça pourrait être encore mieux.

Je ne sais pas si les étudiants l’apprécient, mais je suis toujours très critique et j’arrive avec beaucoup de questions, d’idées, de discussions. Parfois, ils arrivent avec un sourire pour me montrer un bon résultat, mais ressortent la tête pleine de questions à éclaircir et de phénomènes à expliquer. C’est pour les garder challengés et toujours les encourager à se dépasser.

Qui représente votre chercheur ou votre chercheuse scientifique d’inspiration?

Une des personnes qui me vient à l’idée est un de mes professeurs du MIT, Edward Greitzer, qui était le directeur du laboratoire de turbine à gaz pendant mes études graduées. Il m’a beaucoup inspiré parce qu’il parvenait à prendre les problématiques vraiment complexes et à les représenter sous leur forme la plus simple possible pour aller au cœur de la problématique.

Jamais rien n’était impossible avec lui. Cette façon de penser m’est toujours restée, et ça m’a donné le goût de travailler sur des projets d’impact. Même quand ce n’est pas facile, il ne faut jamais lâcher.

À quand remonte la découverte de votre intérêt pour la science?

J’ai grandi dans une famille avec un père mécanicien et un garage à côté de la maison, mais j’avoue que j’étais plus un fervent des mathématiques que de la clé à molette. J’aimais pouvoir me creuser la tête pour trouver des solutions à des problèmes.

Je pense que de pouvoir combiner les maths et les sciences avec la capabilité de résoudre un problème, ça m’a donné des ailes, et c’est en quelque sorte ce qui m’a mené vers le génie.

Avez-vous une anecdote professionnelle à raconter?

Comme professeur, on n’est pas dans le laboratoire aussi souvent qu’on le voudrait, donc on se retrouve à vivre la recherche par l’entremise des yeux de nos étudiants.

Il y a un peu plus d’un an, j’ai eu la chance de rejoindre un de mes étudiants, Amrid Amnache, dans le laboratoire, alors qu’il travaillait jour et nuit à faire tourner sa microturbine sur une puce microfabriquée pour terminer sa thèse.

J’avais un attachement particulier envers ce projet et aussi l’expérience nécessaire pour l’aider, ayant moi-même travaillé sur une microturbine de première génération lors de ma thèse. Je me suis senti pareil comme dans le temps où j’étais moi-même un étudiant, c’était très excitant! 

Comment la philosophie du 3IT vous rejoint-elle?

Ce qui me rejoint, c’est de travailler ensemble pour avoir plus d’impact dans nos travaux de recherche et réalisations. Tant qu’à mettre l’épaule à la roue, aussi bien la mettre pour pousser dans une direction commune afin d’en retirer le plus de bénéfices possible!

Ce qui est le fun, c’est que la communauté du 3IT adhère à cette vision-là. Évidemment, on aime tous publier dans des journaux réputés, mais on recherche aussi la satisfaction de réaliser un projet qui peut être adopté et aller plus loin que sa valorisation par une publication.

Grâce à nos pratiques multidisciplinaires, on peut puiser dans différentes expertises pour réaliser des projets d’impact!

Quels sont les avantages de travailler dans un contexte interdisciplinaire?

Je dirais que l’idéal est l’équilibre entre l’interdisciplinarité et l’individualité, car certains projets nécessitent des chercheurs qui se complémentent par leurs expertises alors qu’il y a des activités de recherche qu’il faut pousser soi-même. Certaines activités nécessitent un long souffle et de la profondeur, ce qui requiert le leadership et la persévérance d’une personne pour faire avancer ces éléments clés individuellement. Être entouré par les collègues au 3IT apporte toutefois une stimulation et un bassin d’expertises porteur.

Quand on s'éloigne du volet scientifique et qu’on veut appliquer nos découvertes, avoir des collègues et une variété d’expertises à notre portée est primordial. L’interdisciplinarité nous permet d’avoir le courage d’envisager des projets de grande ampleur, et nous donne des ailes pour avoir plus d’ambition!

Outre la science, possédez-vous d’autres passions?

Je démarre des entreprises! En effet, je suis cofondateur de deux start-ups issues des travaux de recherche que j’ai dirigés ou codirigés.

Calogy Solutions est une compagnie de gestion thermique pour les batteries qui contribue à l’électrification des transports au Québec, tandis que CSAR Energy vise à commercialiser la technologie de génération d’hydrogène à partir de microréacteurs.

Je suis également bricoleur à mes heures. D’ailleurs, je termine la rénovation de ma deuxième maison… mais ce sera fort probablement la dernière!