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Serge Ecoffey : évoluer au sein d’une grande famille
Découvrez Serge Ecoffey, professeur agrégé au Département de génie électrique et informatique de l’Université de Sherbrooke. En 2011, il pensait déménager au Québec uniquement pour un an en vue de réaliser un postdoctorat avec le Pr Dominique Drouin, membre du 3IT. Ayant adoré son expérience, il a décidé de prolonger son séjour d’une année. Et aujourd’hui, cela fait maintenant plus de 13 ans qu’il évolue au sein du 3IT! Cette année, il est devenu titulaire de la nouvelle Chaire de recherche C2MI en microfabrication et intégration. Il est également membre du Laboratoire Nanotechnologies et Nanosystèmes - LN2.
Formation aux études supérieures
2012 – Postdoctorat, Université de Sherbrooke
2007 – Doctorat en génie électrique, École polytechnique fédérale de Lausanne
2001 - Maîtrise en science des matériaux, École polytechnique fédérale de Lausanne
Année d’arrivée au 3IT : Au tout début, en 2012. Dès la construction du bâtiment.
Quel est votre mandat actuel au 3IT?
Je suis chercheur en microélectronique. Depuis les treize dernières années, j’ai travaillé avec le Pr Dominique Drouin sur les aspects de nanofabrication de dispositifs microélectroniques et d’intégration de petits circuits et systèmes.
Depuis six ans, je travaille également sur des projets avec une saveur plus industrielle avec le C2MI et Teledyne DALSA, tous les deux situés à Bromont. Cela a mené à la création de la Chaire de recherche C2MI en microfabrication et intégration cette année, dont je suis titulaire. Je suis d’ailleurs également directeur des partenariats scientifiques du C2MI.
Comment la philosophie du 3IT vous rejoint-elle?
Pour moi, la philosophie du 3IT s’exprime par la collaboration, peu importe le domaine de spécialisation des personnes et leur statut. Évoluer au sein du 3IT, c’est avoir la chance d’œuvrer autant avec le corps professoral, la communauté étudiante et les équipes techniques, l’équipe des salles blanches, le 3IT.nano, dans mon cas.
J’aime vraiment l’écosystème et l’atmosphère du 3IT. Si tu as une idée, il y a toujours quelqu’un pour t'aider à la faire évoluer, puis la mettre en oeuvre éventuellement en élaborant des projets de recherche.
Le côté interdisciplinaire au 3IT, autant au niveau scientifique que technique, est vraiment fort. J’adore aussi l’aspect humain, où tout le monde se connaît et travaille ensemble dans des espaces ouverts. Le 3IT, c’est comme une grande famille!
Comment l’interdisciplinarité se manifeste-t-elle dans votre recherche scientifique actuelle?
Au quotidien, je suis amené à collaborer avec des personnes chercheuses provenant de plusieurs domaines, départements ou facultés. Nous possédons chacun une expertise complémentaire, ce qui permet d'avoir des projets de recherche de plus grande ampleur et qui ont plus d'impact! Chacun amène sa brique pour construire un projet de recherche.
Qui représente votre chercheur ou votre chercheuse scientifique d’inspiration? Y a-t-il une personne qui vous inspire, qui a influencé le professionnel que vous êtes devenu?
Mes précédents directeurs, Adrian Ionescu, mon directeur au doctorat, et Dominique Drouin ont influencé de façon très positive ma carrière et sont des modèles pour moi! Mais aujourd'hui, j'ai envie de parler de deux autres personnes qui m'inspirent : Étienne Grondin et René Labrecque.
Ce qui m’inspire chez Étienne, c'est son niveau de connaissance aussi bien scientifique que technique. Il est capable de réparer une pompe turbo et aligner une colonne d'un microscope électronique au laboratoire et de débattre de théories de physique quantique de façon pertinente, avec des chercheurs spécialistes du domaine.
En plus de cela, Étienne est une personne généreuse qui s’investit pour le 3IT.nano, ses chercheurs et ses étudiants. Je l'ai déjà vu plusieurs fois, les fins de semaines ou une fois le 24 juin, se "mettre en quatre" pendant ses congés pour que des étudiants puissent accéder au labo et avancer leurs projets.
En plus de travailler avec lui, j'adore jaser avec René Labrecque, technicien des salles blanches au 3IT. René est très professionnel, toujours prêt à trouver des solutions pour nous aider et le tout dans la bonne humeur. Malgré que nous soyons sur des étages différents, nous nous croisons souvent pour jaser de pleins d'autres sujets que la recherche et le 3IT. C'est essentiel pour moi d'avoir ces échanges dans notre milieu de travail.
À quand remonte la découverte de votre intérêt/passion pour la science?
Je dirais que cette passion pour la science s’est construite à travers les différentes rencontres et opportunités que j’ai eues. Mais, je savais depuis mon jeune âge que je me dirigerais vers le domaine scientifique dans mes études supérieures.
À la fin de ma maîtrise, je me suis fait proposer de débuter un doctorat sur la nanofabrication de transistors monoélectroniques. Ensuite, avec le désir de réaliser un postdoctorat à l’étranger, j’avais postulé sur un poste du Pr Vincent Aimez, membre du 3IT, mais qui était déjà comblé. Il m’a recommandé le Pr Dominique Drouin, qui était à la recherche d’un candidat ayant mon profil. Voilà comment j’ai atterri à l'UdeS et que j'y suis depuis plus de 13 ans.
Quelle habitude vous caractérise en laboratoire, en tant que chercheur?
J’adore aller au laboratoire pour voir mes étudiants et étudiantes faire leurs manipulations, les aider en cas de besoin, mais aussi faire mes propres expériences.
Je pense que ce qui me caractérise c'est la rigueur, mon esprit critique, une bonne organisation et le fait d'être un assez bon communicateur. Ce sont des qualités nécessaires en recherche, mais aussi dans n'importe quel domaine en industrie ou dans un travail en équipe. J'essaie de transmettre cela à nos étudiantes et étudiants.
J’espère aussi que les étudiants et étudiantes le voient comme ça. Mon rôle est de les accompagner et de les aider à évoluer dans leurs études supérieures. Au final, ce sont eux qui deviennent les experts en menant leur propre projet de recherche. Mon rôle est de les encadrer et de leur donner des outils afin qu’ils puissent s’émanciper à travers la réalisation de leurs travaux de recherche, et ce, dans l’écosystème unique du 3IT et du C2MI.
Anecdote, fait cocasse professionnel?
Nous fabriquons des masques de photolithographie qu’on utilise pour faire de la microfabrication en salles blanches. Dans mon bureau, j’ai l’un de ces masques encadré sur mon mur.
Ce masque, qui était très important pour notre groupe de recherche, a été cassé par Nicolas, un étudiant au doctorat en 2012, dans un moment où il devait être sur une autre planète dans sa tête. Nous avons dû fabriquer un nouveau masque et je l'ai nommé NKM pour "Nicolas Killed Me".
Je dis aux étudiants et étudiantes d’être un peu imaginatifs dans leur choix de noms de masques ou procédés. Cela permet de créer des histoires et des faits cocasses. Il y a par exemple un étudiant qui a réalisé son propre portrait, à une taille inférieure au diamètre d'un cheveu, sur l’un de ses masques de photolithographie! Depuis "Nicolas Killed Me" nous avons eu Margarita, Cthulhu, Rillettes, et beaucoup d'autres.
Quel « impact » désirez-vous générer en société à titre de chercheur?
J’espère avoir un impact positif sur la formation de la communauté étudiante. Je désire que mes étudiants acquièrent un excellent bagage scientifique qui leur permet de choisir leur emploi de rêve. Qu’ils vivent une formation académique de pointe, mais tout en ayant du plaisir et qu'ils se rappellent les bons moments passés ici au 3IT avec nous.
En somme, je désire avoir un impact positif avec les gens que je côtoie au quotidien, que cela soit les étudiants, les chercheurs ou les membres du personnel, au 3IT et au C2MI, puis que ces personnes aient du plaisir à travailler avec moi. Ce côté-là est tout aussi important pour moi que de générer des résultats scientifiques.
Outre la science, possédez-vous une autre passion?
C’est vraiment le plein air, la nature, les montagnes et les expéditions.
En avril dernier, j’ai fait une expédition de 26 jours en autonomie complète sur l'Ile de Baffin au Nunavut. C'était ma deuxième expédition en Arctique que nous avons organisée et préparée de A à Z avec deux amis pendant plusieurs mois. Ce type d’activité me permet vraiment de sortir de ma zone de confort.
Et pour terminer, j’adore l’hiver et le froid! C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’habite toujours au Québec. Je pratique plusieurs activités hivernales comme le ski de fond, le ski alpin, le ski de randonnée et le camping d'hiver sur les lacs gelés.