Démocratie c. Démocratie : Retour sur un colloque stimulant
Ce colloque, tenu les 23 et 24 janvier 2020 à l'Université du Québec à Montréal, avait pour objectifs d’explorer, d’analyser, et d’évaluer de manière critique comment des processus pourtant démocratiques permettent de contourner les droits religieux au nom du « bien commun ». Un impressionnant public a confirmé la pertinence des discussions enrichissantes s'insérant dans la thématique du colloque.
Depuis le début des années 2010, on assiste à une multiplication d’actions à la fois de défense et de contestation des droits religieux, tant depuis l’intérieur du système judiciaire que de l’extérieur. Ces actions concernent aussi bien la contestation des minarets ou de lieux de cultes au moyen de référendum, l’utilisation d’ordonnances locales contre le port de vêtements religieux dans des espaces publics, le lobbying religieux dans les institutions parlementaires ou la définition et la prise en charge par l’État du patrimoine religieux justifiant la présence de signes religieux dans des institutions publiques. Ces expériences transversales offrent de nombreux points communs.
D’abord, le recours aux impératifs démocratiques est souvent mobilisé dans la justification du contournement des droits de religieux, ne reflétant toutefois qu’un exercice partiel et minimal de la démocratie en limitant l’exercice des droits fondamentaux. Ensuite, l’écho de ces tendances à un micro-niveau influe rapidement les macro-tendances des politiques de régulation de la diversité religieuse. De tels mécanismes ne sont pas sans effet sur les groupes religieux et spirituels dont ils contribuent à renouveler, voire même redéfinir, parfois de façon préventive, les cadres d’expression. Les débats qui ont occupé le Québec au cours du printemps 2019 sur le projet de loi 21 de laïcité de l’État s’inscrit pleinement dans cette problématique.
La chaire de recherche Droit, Religion et Laïcité organisait conjointement ce colloque avec le Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ), l'université de Sherbrooke, l'université du Québec à Montréal et le Centre de recherche Société, Droit et Religions de l'université de Sherbrooke (SoDRUS).