Environnement
4 questions à Alain Royer sur l’urgence climatique
La neige, Alain Royer en voit presque dans son assiette, tellement elle l’intéresse.
Le professeur du Département de géomatique se spécialise, entre autres, en climatologie. Il se penche notamment sur les effets des changements climatiques sur la neige et le pergélisol, cette partie du sol toujours gelée.
Poussé à visiter les deux pôles à plusieurs reprises, Alain Royer a constaté, avec son œil de chercheur mais aussi d’être humain, les effets des changements climatiques, en Arctique comme en Antarctique.
Selon vous, quel est le plus gros enjeu dans votre domaine relativement à l’urgence climatique?
Le plus gros enjeu, actuellement, est de trouver comment limiter, voire abandonner l’utilisation du pétrole comme carburant. C’est ce qui s’appelle l’énergie fossile : cette énergie constitue une source majeure de CO2 et de gaz à effet de serre.
Qui trouvera une autre option que les énergies fossiles changera le monde.
Le premier usage des énergies fossiles qui nous vient en tête, c’est la voiture, utilisée par un individu. Oui, il y a de plus en plus de voitures électriques. C’est un bon début.
Mais nous avons besoin de plus d’options ou, au moins, d’autres options. Peut-être la voiture à hydrogène? Il semble manquer de connaissances sur l’utilisation et la fabrication de l’hydrogène. Pourtant, avec les bonnes connaissances et les bonnes techniques, l’hydrogène serait l’énergie de l’avenir. Je suis persuadé que l’intelligence humaine, jumelée à l’avancement de la science et des technologies, trouvera des solutions!
Comment réagissez-vous face aux changements climatiques, comme citoyen?
J’ai peur des politiciens qui refusent de voir la menace que constituent les changements climatiques pour notre survie sur la planète Terre! Sans leur appui, il est difficile d’avancer.
L’action citoyenne est louable, mais nous avons besoin de mesures et d’interventions politiques.
Pour le moment, les décisions politiques réagissent à des manifestations catastrophiques de l’urgence climatique : pollution, smog intense, inondation ou canicule. Rien ne se fait en prévision! Cette mentalité doit changer. Il faut mettre de côté l’intérêt financier et passer à l’action.
De quoi traitez-vous dans la première édition du Climatoscope?
Je traite des changements du climat de l’Arctique. Le climat y change deux fois plus que partout ailleurs sur le globe.
Autrefois, les mineurs utilisaient des canaris pour voir venir les coups de grisou, mortels, qui sévissaient dans les mines de charbon.
L’Arctique est peut-être notre canari face aux changements climatiques.
Les changements y sont saisissants. Les températures ont déjà augmenté au-delà des 2 °C fixés par l’accord de Paris. L’océan Arctique sera bientôt libre de glace. La faune est en désarroi. Le pergélisol fond, et l’eau qu’il libère creuse le paysage : l’Arctique « tombe en ruine »!
Qu’est-ce qui vous donne le plus d’espoir ou qui vous motive dans le contexte des changements climatiques?
Comme professeur, chaque fois que je me retrouve devant une classe motivée à faire avancer les connaissances et la science dans le domaine, cela me donne un peu plus d’espoir.
C’est aussi une grande motivation pour moi : sensibiliser les jeunes aux défis que posent les changements climatiques. Grâce à eux et grâce à mon travail de chercheur, nos connaissances sur les processus d’évolution liés aux changements climatiques s’améliorent.
De plus, le 6e rapport du GIEC, qui sortira en 2021, contribuera de nouveau à sonner l’alarme. Déjà, beaucoup de gens ont entendu le signal du 5e rapport. Celui à venir rejoindra encore plus de monde.
Le Climatoscope est une revue de vulgarisation scientifique multidisciplinaire portant sur les changements climatiques. Publiée annuellement, elle présente un portrait des plus récentes avancées scientifiques en la matière à un public averti, mais non expert. À lire pour développer votre réflexion sur les problèmes, les enjeux, les défis et les solutions pour faire face à cette réalité.
Entièrement disponible en ligne, Le Climatoscope a été fondé par une équipe de l’UdeS.
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