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À l’invitation du Regroupement des étudiants chercheurs en sciences de l’UdeS

5 candidats partagent leur point de vue au débat Science, on vote

Les participants au débat du 21 août : Évelyne Beaudin, Pierre Paradis, Philippe Girard, Serge Cardin et Christian Bibeau.

Les participants au débat du 21 août : Évelyne Beaudin, Pierre Paradis, Philippe Girard, Serge Cardin et Christian Bibeau.


Photo : Michel Caron

Quelle place occupe la science dans la société et comment peut-elle contribuer au développement d’une économie du savoir dans la région? Des candidats des cinq principaux partis à l’élection provinciale ont pris part au débat Science, on vote!, tenu le 21 août à l’initiative d’étudiants chercheurs en sciences de l’UdeS. Des échanges polis qui ont permis de mettre en relief plusieurs points de convergence entre les représentants des différentes formations : Évelyne Beaudin, d’Option nationale (ON); Christian Bibeau, de Québec solidaire (QS); Serge Cardin, du Parti québécois (PQ); et Philippe Girard, de la Coalition Avenir Québec (CAQ), tous candidats dans Sherbrooke; ainsi que Pierre Paradis, candidat du Parti libéral (PLQ) dans Brome-Missisquoi.

La formule du débat a permis aux aspirants députés de livrer leur message sur quatre questions soumises à l’avance. À chacune des questions, les candidats devaient prendre la parole à tour de rôle sans réellement s’adresser à leur vis-à-vis. Ils avaient une minute après chaque tour de table pour compléter ou préciser leur intervention.

La science face à l’économie, à la santé et à la société

Après une brève présentation faite par chacun des candidats, la première question a porté sur la place de la science par rapport aux autres enjeux qui souvent influencent les débats publics, comme l’économie, la santé et la société. L’animateur avait donné l’exemple de l’exploitation de l’amiante ou des gaz de schiste.

Pour ce premier tour de table, les cinq candidats ont souligné l’importance pour le politique de prendre des décisions à partir «de faits avérés», comme l’a d’abord affirmé la candidate Évelyne Beaudin, d’ON.

Le libéral Pierre Paradis s’est dit d’accord en soulignant l’importance d’embaucher des experts pour éclairer les décideurs. Il a indiqué qu’il l’avait lui-même fait lorsqu’il était ministre de l’Environnement, dans les années 1980.

Philippe Girard, de la CAQ, a affirmé que son parti encourage la science à faire partie intégrante du processus de décision politique. Il a ajouté que sa formation veut informer davantage le public des études gouvernementales.

Le candidat péquiste Serge Cardin croit pour sa part qu’il est important d’avoir des avis scientifiques, mais que les experts devraient être neutres et impartiaux. Il en a profité pour décocher une flèche au représentant libéral en disant qu’il voyait un problème à ce qu’un expert relève directement de l’autorité d’un ministre.

Enfin, Christian Bibeau, de Québec solidaire, a présenté la science comme «un guide – un sherpa – qu’il faut suivre», et dont la rigueur permet de fournir de véritables réponses aux véritables questions. Il a aussi insisté sur le principe de précaution nécessaire avant toute prise de décision sur des enjeux environnementaux.

Financement public de la recherche

La seconde question faisait écho aux compressions fédérales en recherche et aux orientations du financement de la recherche par le gouvernement québécois.

Pierre Paradis (PLQ) a été le premier à prendre la parole. Il a dressé l’inventaire de plusieurs fonds disponibles et estimé que le Québec offrait les meilleures mesures fiscales en recherche et développement.

Philippe Girard (CAQ) a déclaré que son parti proposait une hausse du financement de la recherche et de la pédagogie au 1er cycle. Il a en outre souhaité que la recherche serve à créer des entreprises innovantes.

Serge Cardin (PQ) a appuyé cette idée, et a affirmé soutenir une hausse du nombre de bourses de recherche versées. Il a ajouté que son parti vise à ce que le Québec figure dans les cinq premiers rangs de l’OCDE en consacrant 3 % du PIB à la recherche.

Pour Christian Bibeau (QS), la recherche ne doit pas servir uniquement à commercialiser davantage de produits pour créer de la richesse. La recherche fondamentale doit être reconnue en obtenant un meilleur financement public, versé selon des mécanismes impartiaux.

Évelyne Beaudin (ON) a pour sa part dénoncé vivement les coupes budgétaires fédérales, les qualifiant d’«économies de bouts de chandelle». Un Québec souverain mettrait en place une série de mécanismes pour mieux soutenir les chercheurs, a-t-elle ajouté.

Favoriser la relève scientifique et retenir les diplômés

La question de la relève et l’importance de stimuler les prochaines générations à choisir la carrière scientifique a été l’enjeu qui a marqué la suite des échanges. Plusieurs ont évoqué l’importance de susciter l’intérêt scientifique dès l’école primaire.

Pour le représentant de la CAQ, il est possible d’éveiller cet intérêt notamment par le biais des activités parascolaires supplémentaires que propose son parti.

Son adversaire péquiste a ajouté qu’il fallait enrayer la perception selon laquelle les sciences sont un domaine difficile. Il a déploré que les choix de cours dès l’école secondaire conditionnent trop tôt le choix de carrière des jeunes.

Le libéral a pour sa part parlé de promouvoir des modèles − donnant l’exemple de Steve Jobs − qui peuvent inspirer les jeunes, créer l’intérêt et motiver la passion.

Pour le candidat de QS, la question de la relève scientifique est une préoccupation mondiale. Celui-ci a déploré la mise en place des contrats de performance auxquels sont soumises les universités et qui les conduisent à une compétition entre elles pour obtenir du financement. Il a aussi jugé important de valoriser l’image des scientifiques.

La candidate d’ON a quant à elle affirmé que la gratuité scolaire – comme le propose son parti – était le meilleur moyen de stimuler les inscriptions. Il en coûterait 400 M$, une goutte d’eau selon elle, dans le budget d’un Québec indépendant.

Quant aux moyens de favoriser la rétention des diplômés en sciences dans la région, les candidats ont été unanimes à souligner l’importance de favoriser la création d’emplois innovants et intéressants. L’innovation, l’essor des technologies vertes et l’importance de positionner la région de Sherbrooke pour attirer des entreprises de pointe semblent être au programme de tous les candidats.

Plus d’une centaine de personnes ont assisté à ce débat animé par le professeur Jean Goulet, de la Faculté des sciences.