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Accélérateur de création d’entreprises technologiques

Apprendre à pêcher à quatre mains sur la canne à pêche

Maxime Descoteaux, d'Imeka, Jacques Lajoie et Roger Noël, d'ACET, ainsi que Jean-René Bélanger, Félix Morency et Pierre-Marc Jodoin, d'Imeka.
Maxime Descoteaux, d'Imeka, Jacques Lajoie et Roger Noël, d'ACET, ainsi que Jean-René Bélanger, Félix Morency et Pierre-Marc Jodoin, d'Imeka.
Photo : Michel Caron

Déjà en entrant dans le bureau de Jacques Lajoie, avec Roger Noël, on ne pouvait que percevoir les sourires édifiants : le mot «succès» n’aurait même pas besoin d’être prononcé. Palpable. Depuis maintenant trois ans, ils sont à la tête de l’organisation ACET, un accélérateur de création d’entreprises technologiques. Leur bébé? Non, leur vie. Respectivement ancien directeur du Bureau de liaison entreprises-Université et ancien doyen de la Faculté d’administration, ils avaient tout en main pour propulser cette belle jeunesse créatrice directement vers la rentabilité commerciale.

Le programme ACET dure 24 mois et soutient les jeunes entrepreneurs dans le démarrage de leur entreprise innovante et technologique. Après trois ans de travail acharné, rencontres nombreuses et débats relevés, les résultats sont éloquents : la troisième cohorte vient de commencer son programme d’accompagnement, la grande majorité des entreprises des deux premières cohortes sont toujours en activité et les demandes d’admission ont augmenté de 80 % entre la première et la troisième année.

«Quand ça part, ça va vite, observe Roger Noël, président-directeur général de l’ACET. Notre système a fait parler de lui, et le succès a été immédiat.» L’ACET compte actuellement 22 équipes actives : 6 s’apprêtent à voler de leurs propres ailes, 6 vont commencer leur deuxième année et 10 nouvelles ont été acceptées depuis janvier. En plus, 13 autres sont actuellement en évaluation.

Une entreprise de démarrage en démarrage!

Le taux de succès de l’ACET dès sa première année s’est vite retrouvé dans les sujets de conversation des diplômés universitaires à la recherche d’accompagnement pour passer de l’idée à la commercialisation de leur projet. «Ultimement, l’objectif de l’ACET est la viabilité des entreprises créées. On met l’accent sur les entrepreneurs et leur projet, avec pour objectif une viabilité maximale après cinq ans», explique Jacques Lajoie, vice-président et directeur technologique de l’ACET.

Identifier rapidement les occasions d’affaires d’un projet ainsi que sa faisabilité technologique, c’est ce que doivent faire les deux partenaires de l’entreprise lorsque les équipes viennent leur présenter leur projet. «Il faut que je vois de l’argent, illustre Roger Noël en souriant. Mais il faut aussi que ça soit utile pour la société.»

La complémentarité des deux acolytes les a bien servis. «L’ACET était elle aussi en démarrage, observe ironiquement Jacques Lajoie. Il fallait être efficace.» Le mentorat et le coaching par des entrepreneurs d’expérience – ou senior management, comme dirait le professeur Noël – ainsi que les formations très spécifiques, conçues pour une utilité immédiate dans un processus de démarrage d’entreprise, illustrent bien les forces du système mis en place par l’ACET.

Un modèle d’affaires unique

Roger Noël est catégorique : «On pense que la meilleure façon de s’assurer de la viabilité des entreprises créées est de bien les encadrer, au moment où elles en ont besoin, en considérant où elles sont rendues dans leur processus. Pour ça, on a mis de l’avant la philosophie du do it with me. C’est le seul modèle qui marche au Québec. Le but, c’est de leur éviter le plus possible le schème essais-erreurs. On veut leur faire vivre des réussites.»

Pour illustrer l’accompagnement actif qui sied bien à leur philosophie, Roger Noël poursuit : «Être sur la berge et crier des instructions? Non. Ce n’est pas comme ça qu’on voit les choses. On veut être dans le bateau, tenir la canne à pêche avec eux.» Au terme de leur formation de deux ans, les entrepreneurs ont reçu une formation de 2e cycle liée au démarrage d’entreprise en collaboration avec le Centre Laurent-Beaudoin.

Être là au bon moment

Ingénierie, sciences, pharmacologie, administration, informatique ou géomatique : les équipes puisent dans différentes sphères d’activités technologiques pour faire sortir leur potentiel entrepreneurial. Mais, fait intéressant, des traits communs sont observés chez la quasi-totalité  des futurs entrepreneurs : «Ils veulent être maîtres de leur destinée, ils sont vraiment tous passionnés et allumés envers leur projet et, surtout, ils semblent très zen face aux risques», observe Jacques Lajoie.

Déceler le potentiel d’entrepreneur chez au moins un des membres de l’équipe est essentiel, selon les deux responsables. «Ce ne sont pas tous des entrepreneurs à la base. Le fait d’avoir donné la tape dans le dos au bon moment a contribué à mettre l’énergie en mouvement, dans la bonne direction, poursuit le directeur technologique. Parmi nos entreprises en démarrage, il est arrivé à quelques reprises qu’il manquait cette force à l’équipe. Certaines équipes sont allées chercher elles-mêmes les connaissances administratives manquantes alors que d’autres ont préféré s’adjoindre un nouvel équipier bien ferré dans le domaine.»

Imeka

C’est le cas notamment de Jean-René Bélanger, qui s’est joint à l’équipe Imeka en 2011. Alors étudiant au baccalauréat en administration, il s’est littéralement fait happer par le défi proposé.

«Je suis entouré de gens qui ont des centaines d’années d’expérience ensemble, avance Jean-René Bélanger. On n’est pas tout seul dans un sous-sol, on est vraiment branché sur le monde. Nous ne serions jamais rendus où nous sommes sans l’ACET. Ils nous apprennent à pêcher, tout en nous servant un repas de poisson!»

Selon Jacques Lajoie, le fait de prendre des diplômés universitaires amène une plus grande maturité, une orientation réfléchie, de l’expérience, du vécu et une connaissance scientifique du domaine, tous des éléments essentiels au développement optimal de leur entreprise en démarrage. «On les accompagne, on les oriente, on les aide, mais on ne prend pas de décisions à leur place, ajoute Roger Noël. C’est important qu’ils demeurent en contrôle de leur entreprise.»

Concours en entrepreneuriat

Les entreprises ainsi propulsées soumettent parfois leur candidature à des concours d’entrepreneuriat au Québec. «Les prix remportés à ces concours leur apportent une reconnaissance non négligeable. À Sherbrooke, à l'échelle régionale et même nationale, nos entreprises sont souvent reparties avec des prix intéressants. Par exemple, Lumed et Immune Biosolutions ont été lauréats régionaux dans leur catégorie au Concours québécois en entrepreneuriat 2013. Lors de la grande finale provinciale du 19 juin, Lumed a reçu le 2e prix dans la catégorie Innovations technologiques et techniques, et Immune Biosolutions est repartie avec les plus grands honneurs en remportant le Grand Prix Défi de l’entrepreneuriat jeunesse», précise Jacques Lajoie.

Retour à la société

La motivation derrière tout ça? «Redonner à la société en créant une richesse et en créant des emplois à valeur ajoutée, c’est-à-dire qui sont liés à l’économie du savoir», explique Roger Noël. Et le conseil d’administration de l’ACET, composé de gens ayant tous été entrepreneurs ou en contact direct avec l’entrepreneuriat, est très présent dans l’entourage des jeunes inscrits à l’ACET. Ils veulent redonner aux jeunes, à la société aussi, mais ce qui ressort, c’est leur désir d’être utiles.

«Leur trip d’entrepreneur, c’est pour la vie! Ils aiment encore être au fait de ce qui s’en vient et, surtout, ils croient au développement du Québec par l’entrepreneuriat», conclut Roger Noël.

Le retour en force du Club d’entrepreneurs étudiants pour l’automne témoigne d’ailleurs de l’intérêt de l’UdeS pour la philosophie entrepreneuriale. Les étudiantes et étudiants pourront valider très rapidement leur intérêt pour la chose, et ces initiatives leur donneront des outils de base pour bien entamer l’aventure, si tel est leur désir. Et leur vocation.


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