Percer les mystères du vieillissement
L'UdeS participe à la plus grande étude jamais entreprise au pays
Que vous réservent les 20 prochaines années? Difficile à prévoir, n’est-ce pas? Pour 50 000 Canadiennes et Canadiens, les deux prochaines décennies de leur vie contribueront à l’avancement des connaissances sur les mécanismes du vieillissement.
Ces hommes et ces femmes participent à l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV), la plus vaste du genre jamais entreprise au pays. Cette étude vient de recevoir une subvention de 41,6 M$ de la part des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) afin de poursuivre ses travaux pour les cinq prochaines années.
Au total, 50 000 personnes âgées de 45 à 85 ans seront suivies pendant 20 ans afin de recueillir des informations qui seront utiles à l’avancement des connaissances sur des sujets comme le développement de maladies ou les habitudes sociales qui affectent le vieillissement. Au final, ces informations serviront à favoriser un vieillissement en bonne santé de la population canadienne.
Une collaboration pancanadienne
Mise sur pied en 2010, l’ÉLCV est menée par des chercheurs affiliés aux universités McMaster, McGill et Dalhousie. Deux joueurs clés y participent au Québec : l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et l’Université de Sherbrooke (UdeS).
«Notre étude se penche sur les aspects sociaux du vieillissement ainsi que sur l’apparition de la maladie et de l’invalidité. Elle fournira une source importante de données, de mesures physiques, et d’échantillons biologiques qui seront utilisés par des chercheurs à travers le pays dans des projets contribuant à améliorer la santé des Canadiens», dit la co-chercheuse principale de l’ÉLCV, Dre Christina Wolfson, chercheuse à l’IR-CUSM et professeure aux départements de médecine et d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill.
Un rôle majeur pour le Québec
À travers le pays, onze sites participent à la collecte de données pour l’ÉLCV, mais l’IR-CUSM abrite également le Centre d’analyse statistique où l’équipe de la Dre Wolfson évalue la qualité et la fiabilité des données et les organise de façon à pouvoir les transmettre aux chercheurs.
Récemment, 21 000 participants ont pris part à des entrevues téléphoniques et ont fourni des données, maintenant disponibles en ligne, donnant un aperçu du profil des Canadiens âgés de 45 à 85 ans. Les chercheurs ont fait des demandes de données pour entreprendre de nouvelles recherches sur des sujets tels que la perte auditive, les troubles neurologiques, les blessures et la santé d’anciens combattants âgés.
«Le processus de vieillissement est tellement complexe et hétérogène d’une personne à l’autre qu’on a besoin de ces grandes études populationnelles avec un grand nombre de participants pour pouvoir explorer toutes les questions relatives au vieillissement», ajoute la responsable du site de l’ÉLCV à l’UdeS, Dre Hélène Payette, qui est également chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement et professeure à la Faculté de médecine et sciences de la santé de l’UdeS. «C’est un legs qu’on a voulu faire à tous les scientifiques et spécialistes du milieu de la recherche intéressés par le vieillissement. Les chercheurs qui ont participé à l’ÉLCV n’ont pas préséance sur les autres; tous peuvent accéder aux données.»
Pour Christiane Giroux, participante de l’ÉLCV à Montréal, ce projet a été l’occasion de découvrir une véritable mine d’or d’information sur le vieillissement. «J’ai eu divers problèmes de santé et c’est un peu ma façon de donner aux futures générations, livre-t-elle. C’est rassurant de savoir que l’on s’intéresse à améliorer la santé de la population vieillissante.»
L’ÉLCV a été initiée grâce à une subvention de 50 M$ de la part des IRSC, de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), de plusieurs provinces et universités ainsi que d’autres partenaires. Cette subvention a été utilisée pour mettre en place la plateforme de recherche, recruter des participants et recueillir des données auprès de ces derniers.
Jusqu’à présent, de longues entrevues téléphoniques ont été réalisées avec plus de 21 000 participants choisis au hasard à travers le pays. De plus, 28 000 personnes ont pris part à des entretiens approfondis à domicile et se sont rendues à l’un des 11 sites de collecte de données du pays afin de passer une série de tests physiques évaluant l’ouïe, la fonction cardiaque, la densité osseuse, la mobilité et de nombreuses autres mesures liées à la santé globale. L’objectif des 50 000 participants à ce volet sera bientôt atteint. Tous les participants seront suivis pendant 20 ans. Les entrevues et la collecte de données seront répétées une fois tous les trois ans.