Aller au contenu

Tournée des facultés – Entrevue avec le doyen de la Faculté d'administration

Roger Noël récolte les fruits d'un plan de développement astucieux

Roger Noël, doyen de la Faculté d'administration
Roger Noël, doyen de la Faculté d'administration
Photo : Michel Caron

À quelques mois de la fin de son second mandat à titre de doyen, Roger Noël ne cache pas sa fierté du chemin parcouru par la Faculté d'administration depuis huit ans. Il récolte les fruits de la planification stratégique qu'il a mise en place au cours de ses deux mandats. Sous sa gouverne, les admissions ont été à la hausse pour chaque rentrée, et les études de 2e cycle ont pour ainsi dire explosé. «Il y a huit ans, on devait avoir environ 200 étudiantes et étudiants à temps plein à la maîtrise; aujourd'hui, on en a 650!» illustre-t-il. Se décrivant comme un homme de chiffres, le doyen ajoute, sans fausse modestie, que la Faculté d'administration est en excellente santé financière.

Développement ciblé

Pour le doyen Noël, l'excellente position de la Faculté d'administration sur l'échiquier québécois tient aux efforts déployés ces dernières années pour offrir des formations bien adaptées aux besoins de la société et des étudiants, en particulier au 2e cycle. Il cite l'exemple des programmes de lutte à la criminalité financière qui attirent des gens d'horizons divers – experts de la finance, mais aussi juristes et policiers – intéressés à faire face à des problématiques bien contemporaines.

«Nous connaissons un très grand succès avec nos programmes de maîtrise de type professionnel, explique-t-il. Ces programmes s'échelonnent sur une période de 12 à 15 mois consécutifs et sont très axés sur la réalité du terrain. Les étudiantes et étudiants sont très bien préparés au marché du travail et peuvent obtenir leur diplôme sur un horizon d'une année.» Ce type de parcours est maintenant imité : une autre institution qui n'offrait que des maîtrises de type recherche (échelonnées sur 24 à 36 mois) propose, depuis peu, des programmes plus courts de type professionnel.

Si Roger Noël a misé sur les études de 2e cycle, c'est également en voulant assurer l'avenir à long terme de la Faculté d'administration. «D'abord, l'obtention d'une maîtrise est une solution très prisée pour beaucoup d'étudiants intéressés à occuper les meilleurs postes disponibles sur le marché du travail, affirme-t-il. À l'échelle du Québec, notre objectif est de faire en sorte qu'un très grand nombre de nos finissants fassent rayonner le modèle de formation que l'on propose à l'UdeS. Plus nos diplômés occuperont des postes d'influence sur le marché de l'emploi, plus ils seront en mesure d'offrir des stages à nos futurs étudiants. Ils contribueront à la notoriété de notre faculté, et seront sans doute enclins plus tard à redonner à leur institution.»

Allier recherche et terrain

De plus en plus, poursuit Roger Noël, la réputation de la Faculté d'administration se déploie. L'UdeS devient un joueur incontournable. «Par le passé, nous étions vus comme une bonne école de formation, explique-t-il. En développant des spécialités aux cycles supérieurs, la notoriété s'est acquise et les activités de recherche ont fait un bond considérable. En quelques années à peine, nous sommes passés de deux ou trois groupes de recherche à une douzaine de groupes aujourd'hui. Nos budgets de recherche, qui étaient de moins de 500 000 $, atteignent aujourd'hui de 3,5 à 4,5 M$ annuellement. Cette augmentation marquée est appuyée significativement par la Faculté qui alloue un peu plus de 800 000 $ annuellement pour soutenir les chercheurs.»

La recherche en administration est financée en grande partie par des fonds privés, mais elle est de plus en plus soutenue par des organismes subventionnaires, ajoute le doyen.

Roger Noël souligne que la recherche menée dans sa faculté est le reflet de ce qui en a fait sa «marque de commerce», soit l'expérience de la pratique, «à l'exception de domaines bien précis, comme l'économie, où on fait de la recherche plus fondamentale, dit-il. La plupart de nos professeurs mènent des projets en recherche appliquée touchant des problématiques d'entreprise». Cela est en parfaite concordance avec l'orientation donnée aux programmes de formation.

«Nous offrons à nos professeurs un terrain pour faire de la recherche, et leur objectif est de mieux comprendre la réalité de ce terrain, poursuit le doyen. Nous prônons une recherche appliquée aux problèmes contemporains des entreprises, tout en assurant une démarche scientifique. De plus, les travaux de nos chercheurs viennent ensuite réalimenter nos programmes de formation.»

Une telle approche suscite de plus en plus d'intérêt. Roger Noël donne l'exemple du programme de doctorat en administration (DBA) où les doctorants s'intéressent à une problématique d'entreprise ou d'organisation. Or, ce programme, qui fêtait récemment ses 10 ans d'existence, a vu ses inscriptions tripler cet automne.

Microprogrammes et formation à distance

Après le développement qu'a connu la Faculté d'administration, Roger Noël envisage les prochaines années comme une phase de consolidation des activités mises en place. Cependant, l'un des principaux défis qui attendent la Faculté sera le déploiement de programmes de formation continue et de formation à distance dédiés à des clientèles particulières. Le campus de Longueuil sera certainement mis à contribution dans ce type de projet.

Par exemple, une entente a été conclue avec l'Ordre des comptables généraux accrédités (CGA). Un microprogramme de 2e cycle qui mène les candidats aux examens des CGA est offert à Longueuil. «Cette formation est donnée soit à distance soit en présentiel, dit Roger Noël. C'est notre première expérience à distance dans un programme aussi important. C'est un succès phénoménal. Il y a eu 150 admissions en septembre. On ne s'attendait pas à une telle réponse de la part du marché québécois.»

La recette d'une telle popularité tient au succès des étudiantes et étudiants. «On a mis en place le programme l'an dernier. Nos étudiants ont obtenu un excellent taux de réussite aux examens de l'Ordre des CGA. Le mot s'est passé et maintenant, les candidats jugent que le programme vaut la peine d'être suivi», raconte le doyen.

Demain, le monde

Cette réussite jette les bases d'autres projets de formation à distance et pave la voie à des projets de formation délocalisée. Le programme de MBA pour cadres en exercice, qui est déjà très réputé au Québec, a déployé des antennes en Guadeloupe, en Algérie et en France. La Faculté d'administration compte bientôt l'offrir en Martinique. Encore là, certaines activités de formation pourront être suivies à distance.

«Le défi de la mondialisation est certainement celui qui attend la Faculté d'administration au cours des prochaines années, affirme le doyen. Avec les possibilités offertes par la technologie, le jour n'est pas loin où l'on pourra offrir des programmes au monde entier. Il faudra probablement envisager la possibilité d'offrir des programmes de formation très spécifiques en anglais. D'autres institutions le font déjà et on ne peut pas se permettre de se marginaliser face à l'ensemble des grandes universités. Nous n'aurons pas le choix. Notre défi sera encore une fois d'innover dans des créneaux qui n'existent pas ailleurs. C'est cette approche qui nous a permis de nous démarquer ces dernières années et qui est à la base de notre succès collectif.» Si le passé est garant de l'avenir, celui de la Faculté d'administration semble prometteur.

«Je tiens à remercier tout le personnel de la Faculté d'administration, conclut le doyen. Sans leur collaboration et leur implication, il aurait été impossible de connaître un tel succès. Je veux aussi souhaiter le plus grand succès à la personne qui me succédera à la direction de la Faculté.»


Informations complémentaires