P11-Jean-Charles Harvey
P11. - Fonds Jean-Charles Harvey. - 1915-1967. - 1,28 m de documents textuels.
Notice biographique
Jean-Charles Harvey naît le 10 novembre 1891 à La Malbaie et meurt à Montréal le 3 janvier 1967. Il fait ses études classiques au Séminaire de Chicoutimi à partir de 1905, puis chez les Jésuites au Sault-au-Récollet de 1908 à 1913. En 1913, il suit durant quelques mois des cours de droit à l’Université Laval à Montréal. Jean-Charles Harvey est à la fois journaliste, pamphlétaire, conférencier, romancier et poète. Sa carrière de journaliste se prolonge sur plus d’un demi-siècle. Il devient reporter au Canada dès 1914, à La Patrie en 1915 et à La Presse de 1916 à 1918. Il est ensuite rédacteur publicitaire jusqu’en 1922 pour la compagnie La Machine agricole nationale Limitée de Montmagny. Il devient cette même année journaliste au journal Le Soleil. On le retrouve ensuite rédacteur en chef de ce journal de 1927 à 1934. Dès ses premiers ouvrages, il critique les systèmes scolaire et industriel du Québec et prône la liberté de penser et d’aimer. Son roman Les Demi-Civilisés, paru en 1934, est mis à l’index et cela l’amène à démissionner de son poste au journal Le Soleil. Le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau lui offre alors le poste de directeur du Bureau de la statistique du gouvernement du Québec, poste dont Maurice Duplessis le destituera en 1937. Cette même année, il fonde l’hebdomadaire Le Jour dont il est le directeur et qui paraîtra jusqu’en 1946. Dès les années trente, il collabore à plusieurs journaux et revues dont Le Petit Journal où il occupe le poste de directeur technique entre 1956 et 1966, Photo-Journal, La Revue moderne, Jeunesse, Vivre et L’Ordre ainsi qu’à certaines stations radiophoniques telles Radio-Canada, CKAC, et CKVL. Il prononce de nombreuses conférences tout au long de sa carrière. En plus de son roman Les Demi-Civilisés, il publie La Chasse aux millions en 1921, Marcel Faure en 1922, Pages de critique en 1926, L’Homme qui va en 1929 (pour lequel on lui décerne le Prix David la même année), Sébastien Pierre en 1935, Les Paradis de sable en 1953, La Fille du silence en 1958, Pourquoi je suis antiséparatiste en 1962, Visages du Québec en 1964 et Des bois, des champs, des bêtes en 1965. En 1939 et 1940, Jean-Charles Harvey devient président de l’Union canadienne, mouvement en faveur de l’unité canadienne et du Canadian National Committee for Union Now. Il s’associe à la Société canadienne des droits de l’Homme afin de créer un organisme de défense des droits. La Ligue des droits de l’Homme, devenue depuis la Ligue des droits et libertés, est fondée en 1963 et Jean-Charles Harvey siège au sein de son premier conseil d’administration dont il sera membre jusqu’à la fin de sa vie. Il est consacré officier d’Académie en 1928 par le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts de la République française.
Portée et contenu
Le fonds Jean-Charles Harvey témoigne de la littérature québécoise de la première moitié du 20e siècle et présente un intérêt pour l’étude du mouvement de remise en question de la vie intellectuelle au Québec ‑ initié dès le 19e siècle - et qui atteindra un point culminant autour des années trente. La Révolution tranquille des années soixante a été préparée de longue date par des intellectuels dont Jean-Charles Harvey que certains ont appelé le grand-père de cette révolution tranquille. Le fonds permet de bien prendre la mesure de plusieurs aspects de la carrière de Jean-Charles Harvey autant comme romancier que journaliste et conférencier. La parution des Demi-Civilisés en 1934 provoque un véritable scandale social et religieux. Jean-Charles Harvey s’attaque à la pauvreté intellectuelle et humaine de l’élite canadienne-française qu’il considère soumise au clergé. Le roman est condamné par le cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve trois semaines après sa parution. On retrouve dans le fonds des articles, des coupures de presse et de la correspondance témoignant de cet événement. Le fonds contient également des manuscrits de quelques œuvres littéraires de Jean-Charles Harvey, surtout des romans et de la poésie, Les Affamés, Les mauvais anges, Le Message, Les Paradis de sable, André le Possesseur, La Fille du silence et de son autobiographie demeurée inédite. La fondation du journal Le Jour en 1937, la même année où le premier ministre Maurice Duplessis fait adopter la « Loi du cadenas », constitue un fait important de l’histoire des idées au Québec et au Canada et souligne le combat de Jean-Charles Harvey contre l’intolérance. Plusieurs documents contenus dans le fonds témoignent des activités de journaliste, de conférencier et de pamphlétaire de Jean-Charles Harvey tels des articles, en français et en anglais, publiés dans différents périodiques, des coupures de journaux de ses articles parus dans Le Soleil, Le Jour et Le Petit Journal entre 1922 et 1967, des textes de conférences prononcées entre 1935 et 1966 et des textes radiophoniques diffusés sur les ondes des stations radiophoniques CKVL, Radio-Canada et CKAC entre les années quarante et 1967. La plus importante série du fonds est constituée d’environ six cents pièces de correspondance avec une majorité de personnalités connues et d’autres moins connues parmi lesquelles figurent : Olivar Asselin, Victor Barbeau, Télesphore-Damien Bouchard, Jean Bruchési, Louis Dantin, Athanase David, Alfred Desrochers, Henri Deyglun, Jacques Ferron, Adélard Godbout, Alain Grandbois, Claude-Henri Grignon, Lionel Groulx, Jean Hamelin, François Hertel, Daniel Johnson (père), Pierre Laporte, Roger Lemelin, André Major, Frère Marie-Victorin, Jacob Nicol, Fernand Ouellette, Lester B. Pearson, Robert Rumilly, Louis Saint-Laurent, Alain Stanké, Louis-Alexandre Taschereau, Pierre Tisseyre, Paul Wyczynski.
Le fonds est constitué de six séries :
P11/A | Oeuvre littéraire de Jean-Charles Harvey; |
P11/B | Oeuvre journalistique de Jean-Charles Harvey; |
P11/C | Articles, textes radiophoniques et conférences sur l’oeuvre de Jean-Charles Harvey; |
P11/D | Correspondance; |
P11/E | Documents réunis par Jean-Charles Harvey, et; |
P11/F | Documents personnels. |
Notes
- Le titre est basé sur le nom du créateur du fonds.
- Le fonds a été déposé à la Bibliothèque des sciences humaines de l’Université de Sherbrooke en 1968 pour qu’un étudiant au doctorat en études françaises puisse y faire ses recherches. Par la suite, le fonds a été donné à la Bibliothèque par les exécuteurs testamentaires. En 1991, la fille de Jean-Charles Harvey, Jane R. Skorburg, fit don de quelques lettres de son père qui étaient jusque-là en sa possession. Le fonds a été transféré au Service des archives en 1993.
- Le fonds contient des documents en français et en anglais.
- Instrument de recherche : Répertoire du Fonds Jean-Charles Harvey - P11 (PDF) / Suzanne Couture et Julie Fecteau. – Sherbrooke : Service des archives de l’Université de Sherbrooke, 2004.
- Les chercheuses et chercheurs peuvent aussi consulter le Fonds Guildo Rousseau (P35).
Bibliographie
- Bibliographie du Québec 1821-1967, Québec, Éditeur officiel du Québec, 1980-1991, 23 vol.
- Guy Sylvestre, Écrivains canadiens : un dictionnaire biographique, Montréal, HMH,1966.
- Réginald Hamel, John Hare et Paul Wyczynski, Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, Éditions Fides, 1989.
- Jean Cournoyer, La mémoire du Québec de 1534 à nos jours, Montréal, Éditions Stanké, 2001.