Nouveau cours ouvert à tous
Les changements climatiques dans la mire du Département de géomatique appliquée
La géomatique se retrouve dans une multitude de domaines. De l’agriculture à la foresterie en passant par l’urbanisation, cette science au croisement entre l’informatique et la géographie assure une meilleure gestion du territoire.
Le programme en géomatique de l’Université de Sherbrooke se spécialise principalement sur l’application de la discipline à l’environnement. C’est donc sans surprise que le Département de géomatique appliquée offrira un nouveau cours ouvert à tous qui traitera de la climatologie et des changements climatiques.
C’est le nouveau professeur du département, Frédéric Bouchard, qui donnera ce cours d’introduction sur la question climatique. Le professeur Bouchard se spécialise, entre autres, sur l’étude du pergélisol, des lacs des milieux froids (arctique et subarctique), des paléoenvironnements (sédiments lacustres) et des émissions de gaz à effet de serre (GES) comme le CO2 et le méthane en Arctique.
Le Pr Bouchard, qui a longtemps résidé à Paris, a été recruté par le président Macron pour participer au programme Make Our Planet Great Again
Ce cours ouvert à tous permettra de mieux comprendre le fonctionnement de la « machine climatique » terrestre, par exemple les propriétés de l’atmosphère, la météo, l’effet de serre, les courants marins, etc. On y abordera les changements climatiques actuels (causes naturelles et anthropiques), passés (paléoclimats à différentes échelles) et futurs. Le professeur Bouchard abordera également les impacts et l'adaptation face aux changements climatiques selon différents points de vue (écosystèmes, économie, communautés, santé, etc.) et le phénomène de l’anthropocène (l’humain comme agent de changement global).
La climatologie pour mieux s’adapter aux changements climatiques
Selon le spécialiste du climat, une meilleure compréhension des phénomènes climatiques nous permettra de planifier et d’exécuter des stratégies d’adaptation qui fonctionnent, selon nos budgets et les technologies disponibles.
Par exemple, les changements climatiques n’auront pas la même amplitude ni le même horaire saisonnier partout dans le monde : à certains endroits, on pourrait voir une augmentation des températures estivales, tandis qu’ailleurs, les changements les plus importants se passeront surtout durant l’hiver et seront marqués par moins de précipitations.
On peut imaginer que dans les milieux côtiers de basses latitudes, ce sont surtout les ouragans qui seront à prendre en compte. Il ne faut pas oublier les phénomènes climatiques qui reviennent de façon cyclique (ex. El Nino), et qu’avec l’aide des modèles et d’une bonne connaissance de la climatologie régionale on peut maintenant essayer de prévoir les changements futurs avec de plus en plus de précision.
Frédéric Bouchard, professeur au Département de géomatique appliquée de l'UdeS
L’expert des milieux arctiques explique également que le pergélisol a une influence très importante sur le climat planétaire : il contient de la matière organique gelée depuis des siècles, même plusieurs millénaires.
Avec le réchauffement, accéléré et amplifié en Arctique, le pergélisol dégèle et la matière organique libérée sert de nourriture aux bactéries qui produisent des gaz à effet de serre comme le CO2 et le méthane. J’ai constaté que cela se produit surtout dans les milieux aquatiques (lacs, mares, tourbières). Ce dégel affecte concrètement les communautés nordiques, car les infrastructures sont construites sur le pergélisol. Si le sol est riche en glace, il arrive que ça bouge, qu’il y ait un affaissement du sol.
Étudier le passé de la Terre
La Terre a connu des époques de bouleversements climatiques très prononcés qui ont affecté tout le globe. Grâce aux sédiments marins et lacustres, aux couches de glace, aux cernes d’arbres, aux dépôts dans les cavernes et mêmes aux roches, on sait que des changements climatiques se sont déroulés à différentes échelles de temps. Les sociétés humaines ont été affectées par ces changements.
La Terre a subi plusieurs glaciations, dont certaines ont presque recouvert toutes les terres jusqu’à l’équateur. Aussi,à une certaine époque, il a fait beaucoup plus chaud qu’aujourd’hui. Bref, ça aide beaucoup de prendre un peu de recul dans le temps, ça aide même à mieux comprendre la dynamique actuelle.
L'anthropocène, une nouvelle époque géologique?
Le futur est tout aussi important que le passé. Il est important de savoir comment les modèles climatiques fonctionnent, ce qu’ils incluent ou pas dans les différents scénarios. Le concept d’« anthropocène », l’humain comme agent géologique/climatique planétaire, et les projets de « géo-ingénierie », qui visent à modifier le climat terrestre dans le futur, seront également abordés dans le cours.
Évidemment, ce sera un cours d’introduction. Les grandes idées, les grandes lignes, les grands principes seront abordés, mais pas d’équations, ni de formules chimiques ou de mathématiques avancées seront nécessaires. Des concepts de base, des schémas pour illustrer, des exemples de terrain et beaucoup de visuel! Et le plus important, un professeur passionné qui n’attend que de partager ses connaissances!
Qui est le professeur Bouchard?
En 2017, il devient lauréat du programme Make Our Planet Again. Frédéric dirige le projet de recherche PEGS, PErmafrost and Greenhouse gas dynamics in Siberia. Le projet traite des relations entre la dynamique du pergélisol et les émissions de gaz à effet de serre en Sibérie. Ce projet vise à améliorer la fiabilité des modèles climatiques. L’expertise principale de Frédéric concerne le pergélisol, la partie « invisible » de la cryosphère. Il a eu la chance de faire plusieurs campagnes de terrain dans le Grand Nord canadien et en Sibérie.