Nouvelle publication
Pas d'histoire, les femmes! Réflexion d'une historienne indignée, par Micheline Dumont
L'historienne Micheline Dumont constate que, si les recherches en histoire des femmes menées au cours des dernières décennies ont contribué à faire émerger un nouveau champ de connaissance, celui-ci n'a toujours pas été intégré dans l'histoire officielle. La tradition d'une histoire univoque, qui confine les femmes à la marge, se perpétue. Notre rapport à l'histoire est toujours «hémiplégique», amputé de toutes celles à qui l'on nie la reconnaissance comme sujet historique et politique.
«La colère, dit-on, est mauvaise conseillère. Mais elle se trouve presque toujours à l'origine des textes réunis dans ce recueil. J'assume ma colère, je la crois légitime. Je voudrais offrir mes pensées indignées comme témoins de ce travail qui est le mien, l'histoire des femmes comme combat non gagné. "Être désappropriée de l'histoire, c'est le destin des femmes", disait l'historienne Arlette Farge il y a plus de trente ans. Je ne veux pas être désappropriée de l'histoire. En définitive, l'histoire des femmes pose toujours des questions politiques.»
Pionnière des recherches en histoire des femmes au Québec, la professeure émérite Micheline Dumont a enseigné l'histoire à l'Université de Sherbrooke. Membre du collectif Clio, elle a publié L'Histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles. Aux Éditions du remue-ménage, elle a fait paraître Découvrir la mémoire des femmes et l'anthologie La pensée féministe au Québec.