Tournant historique dans la compréhension des communautés végétales: place aux caractéristiques moyennes!
La revue Science publie la découverte de l’Université de Sherbrooke
Une découverte de l’Université de Sherbrooke, publiée dans la revue Science, marque un tournant historique dans la compréhension des communautés végétales.
Depuis 1753, date de la parution de la première nomenclature botanique considérée comme scientifique, les chercheurs définissent une communauté végétale par la somme des identités des espèces présentes. Suite aux travaux du professeur Bill Shipley et ses collègues, quelques caractéristiques moyennes d’une communauté végétale et leurs règles d’assemblage suffiraient à définir cette communauté, quelles que soient les espèces présentes.
De nouvelles possibilités en écologie
« Cette nouvelle caractérisation des communautés végétales ouvre de nouvelles possibilités en écologie et pose la question suivante: Est-on capable de vraiment contrôler la dynamique de la végétation à nos fins? » s’interroge le chercheur. Cette approche permettrait de savoir quelle espèce pourrait devenir dominante dans une communauté, quelles seront les espèces rares, quelle sera l’abondance relative de chaque espèce et quelle espèce aura disparu. Les applications pour développer des outils de gestion de l’environnement pourraient être nombreuses. « Ces recherches permettent de relier la structure d’une communauté comme la conséquence du phénomène de sélection naturelle. En d’autres termes, de relier la sélection naturelle pour un individu et le résultat pour l’ensemble de la communauté » ajoute Bill Shipley.
L’utilisation de caractéristiques moyennes d’une communauté végétale permet au spécialiste en écologie terrestre de proposer la première approche statistique quantitative pour prédire l’évolution de la composition d’une communauté végétale. Cette prédiction repose sur un nombre restreint de paramètres: surface des feuilles, hauteur des plants, nombre de graines, profondeur des racines…Le défi essentiel consiste à définir l’ensemble des règles d’assemblage des paramètres et l’évolution de ces règles.
Un taux de prédiction inégalé
Une collaboration de l’Université de Sherbrooke avec une unité du CNRS de Montpellier a permis de valider cette nouvelle approche. Le taux de prédiction atteint 94 % en utilisant seulement 8 caractéristiques moyennes. Ce test a été possible en utilisant une base de données du CNRS dans laquelle sont archivées régulièrement et depuis 42 ans les caractéristiques de 30 plantes présentes dans plusieurs sites de vignobles abandonnés du sud de la France.
Dans un proche avenir, cette approche servira à étudier l’influence des variations climatiques sur l’évolution d’une communauté de plantes.
Article Science: www.sciencemag.org
Titre: From Plant Traits to Plant communities : a statistical mechanistic approach to biodiversity
Auteurs : Bill Shipley (Département de biologie, Université de Sherbrooke, Canada), Denis Vile (Département de biologie, Université de Sherbrooke et Centre d’écologie fonctionnelle et Évolutive du CNRS de Montpelier, France), Eric Garnier (Centre d’écologie fonctionnelle et Évolutive du CNRS de Montpelier, France)
correspondance: bill.shipley@usherbrooke.ca