Titulaire d’une nouvelle Chaire de recherche du Canada
Fanie Pelletier se concentre sur les impacts de l'activité humaine sur la faune
L'empreinte humaine sur notre planète augmente à un rythme sans précédent, et plusieurs populations sauvages sont affectées par les changements environnementaux induits par l'homme, tels que les changements climatiques, la destruction de l'habitat et la surexploitation. Les travaux de la professeure Fanie Pelletier évaluent comment ces activités humaines affectent la sélection naturelle et ils mesurent les conséquences de ces nouvelles pressions sélectives sur l'écologie et l'évolution des animaux sauvages.
Pourquoi certaines espèces prospèrent-elles dans des paysages fortement modifiés par l'homme alors que d'autres disparaissent lorsque leur habitat est affecté par les activités humaines? Pourquoi certaines espèces s'accommodent-elles de la présence humaine dans certaines régions et pas dans d'autres?
L'expansion des activités humaines affecte les populations animales de nombreuses façons. La fragmentation et la modification croissantes des habitats, l'extension des réseaux routiers, l'exploitation à des fins de subsistance ou de chasse sportive et le changement climatique sont quelques-uns des défis auxquels les populations sauvages doivent faire face.
Toutefois, on ne sait pas comment les populations animales peuvent réagir à ces nouvelles conditions. Plusieurs études ont aussi montré que les activités humaines pouvaient modifier le phénotype des organismes. En génétique, le phénotype est l'ensemble des caractéristiques observables chez un organisme, comme son comportement, sa taille ou sa couleur.
Ces caractéristiques changeraient en réponse à l’activité humaine, et ce, même si dans plusieurs cas, ces effets sont involontaires. Ces changements se produisent actuellement chez plusieurs espèces à une vitesse sans précédent.
On pourrait croire que ces changements n'entraînent que des conséquences négatives chez les populations à l’étude, mais certaines espèces sont avantagées par ces changements.
Ces changements entre les individus affecteraient aussi leur capacité à se reproduire et à survivre, mais l’ampleur de ces effets est encore inconnue. Or comprendre leur importance est fondamentale pour la conservation et la gestion des ressources naturelles.
La réponse écologique des mouflons d’Amérique
L’équipe de recherche de la professeure Pelletier exploitera des données exceptionnellement détaillées provenant d'études longitudinales à long terme (sur une période de 19 à 50 ans) de vertébrés (ours bruns, mouflons d'Amérique, hirondelles bicolores, phoques communs).
On sait que les animaux peuvent s’adapter aux changements climatiques et environnementaux induits par l'homme, soutient la professeure Pelletier. Une des populations que j’étudie, les mouflons d’Amérique, s'est adaptée aux conditions printanières hâtives.
Les mouflons ont été capables de s’ajuster par rapport à l’arrivée du printemps. Un peu partout sur la planète, les changements climatiques conduisent à des printemps plus hâtifs. Les femelles donnent donc naissance à leurs petits plus tôt que par le passé. Elles ont été capables de répondre à ce changement climatique pour synchroniser la grande demande énergétique liée à la naissance des agneaux à un moment où les ressources alimentaires sont très nutritives. Par contre, leurs réponses ne semblent pas assez rapides pour suivre parfaitement les conditions printanières.
La grande question qui persiste : quelles espèces vont s’adapter suffisamment aux changements environnementaux induits par l’Homme, et comment? L’équipe de la professeure Pelletier tentera aussi de quantifier l'effet des changements de caractéristiques induits par l’humain sur les taux de survie qui déterminent la dynamique des populations. Ultimement, la chercheuse souhaite appliquer un nouveau cadre éco-évolutif prédictif pour prévoir les conséquences des activités humaines sur les populations animales sauvages.
Mon programme permettra des avancées majeures dans la prévision des conséquences des changements de caractères génétiques et phénotypiques sur la dynamique des populations. Grâce à ces avancées, je préparerai de nombreuses personnes hautement qualifiées à occuper des postes importants dans les domaines de la conservation biologique, de la gestion des ressources et du monde universitaire.
À propos de Fanie Pelletier
La professeure Fanie Pelletier s’est jointe à l’équipe professorale du Département de biologie de l’Université de Sherbrooke en 2008. Son équipe de recherche utilise des données exceptionnellement détaillées recueillies sur des périodes pouvant s’étendre entre 10 et 200 ans, provenant d’études longitudinales de vertébrés comme les ours bruns, les mouflons, les hirondelles bicolores et même les humains.
Elle a reçu plusieurs distinctions en tant que chercheuse et pédagogue. En 2020, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) lui a remis la bourse E.W.R. Steacie, l’une des distinctions les plus prestigieuses en sciences et en génie au Canada. Dans la même année, elle a reçu le tout premier Prix d'excellence de l’encadrement aux études supérieures en recherche de l’Université de Sherbrooke, ainsi que le prix de reconnaissance de la qualité de l’enseignement en 2017. Depuis 2019, elle est membre du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science de la Société royale du Canada. Elle a reçu la même année le Prix de la recherche et de la création de l’Université de Sherbrooke. De 2009 à 2019, la professeure Pelletier a été titulaire de la Chaire de recherche du Canada en démographie évolutive et conservation. Elle est l’auteure de plus de 200 publications et a dirigé plus de soixante étudiantes et étudiants de deuxième et troisième cycles.