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Portrait de Mohamed Hedi Amri, étudiant en chimie

L’aventure d'un Tunisien qui n'a pas froid aux yeux

Il y a deux mois, Mohamed Hedi Amri a eu la chance de vivre une expérience de recherche inoubliable au fjord du Saguenay.

Il y a deux mois, Mohamed Hedi Amri a eu la chance de vivre une expérience de recherche inoubliable au fjord du Saguenay.


Photo : Michel Caron - UdeS

Imaginez le choc climatique qu’a vécu l’étudiant tunisien Mohamed Hedi Amri lorsqu’il s’est retrouvé à bord d’un brise-glace au fjord du Saguenay pendant 10 jours en février dernier. Dans le cadre de son projet de recherche à la maîtrise en chimie, il a osé braver le froid de l’auge glaciaire lors de cette expédition scientifique, ce qui l’a amené à sortir de sa zone de confort et à vivre une expérience unique remplie de « premières fois ».

C’est lors d’un stage de fin d’études à l’Université de Moncton à l’été 2023 que Mohamed a eu la piqûre pour la recherche. Rapidement, il s’est mis à chercher des maîtrises offertes au Canada pour finalement trouver le Laboratoire de biogéochimie polaire de la professeure de chimie Céline Guéguen. Il s’imaginait déjà dans un futur proche caractériser la matière organique dissoute (DOM) dans les plans d’eau comme le faisaient la professeure et son équipe de recherche à l’UdeS.

Une fois retourné en Tunisie et admis à la maîtrise en chimie à l’UdeS, Mohamed apprend en décembre 2023 qu’il partira en expédition scientifique au fjord du Saguenay au mois de février, en compagnie de Céline Guéguen. À ce moment, il n’avait pas réalisé l’ampleur de l’expérience qu’il s’apprêtait à vivre : une aventure épique aux températures glaciales.

Les membres du Laboratoire de biogéochimie polaire s’intéressent à la caractérisation et à la mobilité de la matière organique dissoute des lacs, des rivières, des marais, des estuaires, des régions côtières et des océans, en plus de surveiller la qualité de l’eau. Ils analysent également les contaminants organiques et inorganiques des eaux naturelles et industrielles, des sols et des sédiments, entre autres.

Un avant-goût de froid

Mohamed quitte la Tunisie le 30 décembre, laissant derrière lui le soleil, la mer et la chaleur.

Quand je suis arrivé ici pour la première fois, j’ai eu un choc. J’étais debout avec mes deux valises dans les mains et il neigeait partout autour de moi. C’était difficile tirer mes valises jusqu’à chez moi. Heureusement, j’avais trouvé une chambre près de l’Université. Mais, même si j’avais préparé mes vêtements d’hiver avant d’arriver, je n’avais pas anticipé ces degrés de froid.

Mohamed Hedi Amri, étudiant à la maîtrise en chimie 

Pourtant, dans à peine quelques semaines, il allait ressentir un froid bien plus intense : celui du fjord du Saguenay.

Une expédition scientifique pour briser la glace

Le NGCC Amundsen a deux vocations : brise-glace de la Garde côtière canadienne et navire de recherche scientifique.

Le NGCC Amundsen a deux vocations : brise-glace de la Garde côtière canadienne et navire de recherche scientifique.


Photo : Fournie

Vers la fin du mois de février, Mohamed monte enfin à bord du navire Amundsen pour se joindre à l’expédition Plaine 2024 - Horizon Glacé, organisée par le Réseau Québec maritime (RQM). Ce brise-glace accueille des scientifiques du RQM, des artistes-photographes ainsi que des personnes étudiantes et professeures de plusieurs universités canadiennes qui conduisent des recherches en biologie et en chimie. Pour Mohamed et Céline Guéguen, cette expédition servait à prélever des échantillons d’eau à différentes stations le long du fjord du Saguenay, pour qu’à leur retour ils analysent en laboratoire la composition et les mécanismes de transport de la matière organique dissoute.

Outre les paysages glaciaires, la rencontre d’autres chercheurs et chercheuses, le travail d’équipe et le prélèvement d’échantillons ont marqué l’imaginaire du jeune homme tunisien.

C’était ma première fois sur un navire de la Garde côtière, et ce fut une expérience extraordinaire : quand la rosette descendait pour prélever des échantillons à chaque station, moi et les autres chercheurs nous regroupions dans une chambre de contrôle pour l’observer descendre. On en profitait pour parler et rigoler. J’ai appris beaucoup de choses sur leurs travaux et la façon dont ils travaillent. C’était la première fois que je rencontrais ces personnes et j’étais impressionné par leur organisation de travail : chacune d’elles savait ce qu’elle avait à faire.

Mohamed Hedi Amri, étudiant à la maîtrise en chimie

L’objectif du projet de recherche de Mohamed Hedi Amri est d’étudier les variations spatiales de la matière organique dissoute (DOM) le long du fjord du Saguenay jusqu’au fleuve Saint-Laurent. Les substances organiques dans l’eau, qui proviennent de diverses sources, telles que l’érosion des berges, les sédiments et la contamination provoquée par les hydrocarbures, peuvent nuire à l’équilibre des milieux aquatiques et produire des effets néfastes dans les écosystèmes. Afin de déterminer la quantité, la diversité et les origines de la DOM à différents endroits dans le fjord, Mohamed effectuera plusieurs tests en laboratoire, tels que l’absorbance UV-visible et la fluorescence tridimensionnelle.

La professeure Céline Guéguen a fourni des vêtements d’hiver à Mohamed, ce qui lui a permis de résister au froid du fjord.

La professeure Céline Guéguen a fourni des vêtements d’hiver à Mohamed, ce qui lui a permis de résister au froid du fjord.

C’est bien le froid qui a été le plus grand défi de Mohamed lors de cette expédition.

Comparativement à Sherbrooke, il faisait très froid au fjord. Là-bas, on me trouvait toujours avec des gants, une tuque et un manteau qui montait jusqu’à mon nez lorsque je prélevais des échantillons et me déplaçait sur le navire.

Pour l’étudiant à la maîtrise, travailler au froid a valu la peine vu les nombreux apprentissages qu’il a faits. Le prélèvement d’échantillons, le travail d’équipe en recherche et la réalisation de certains tests scientifiques comme celui de la salinité sont des compétences qui seront assurément utiles pour la poursuite de ses études et sa future carrière en recherche.

Alors qu’il était entouré de chercheurs et chercheuses, Mohamed a appris les bonnes pratiques de l’échantillonnage à bord du navire scientifique.

Alors qu’il était entouré de chercheurs et chercheuses, Mohamed a appris les bonnes pratiques de l’échantillonnage à bord du navire scientifique.


Photo : Fournie

Comme je suis une personne introvertie, je suis fier d’avoir pris la parole lors des réunions avec les autres chercheurs pour leur expliquer l’état de mes travaux.

Et comme Mohamed a eu droit à un tour guidé du navire Amundsen, il possède désormais quelques connaissances sur la mécanique navale.

Un chaleureux soutien

L’appui de la professeure en chimie Céline Guéguen a rendu son expérience d’autant plus incroyable. Avant l’expédition, Mohamed et sa professeure ont préparé ensemble le matériel à apporter sur le navire. Puis, ils ont fait la route ensemble pour se rendre au Saguenay.

Alors que Mohamed n’avait jamais ressenti autant de proximité avec ses enseignants et enseignantes en Tunisie, il s’est senti privilégié de travailler avec la professeure agréable, attentionnée et disponible qu’est la professeure Céline Guéguen à ses yeux.

La professeure en chimie Céline Guéguen offre un soutien continu à Mohamed dans la réalisation de son projet de maîtrise.

La professeure en chimie Céline Guéguen offre un soutien continu à Mohamed dans la réalisation de son projet de maîtrise.


Photo : Michel Caron - UdeS

Avec Céline, on rit tout le temps. C’est amusant de travailler avec elle parce qu’elle combine le travail et le plaisir. J’ai passé plusieurs heures de voiture et plusieurs jours sur le navire avec elle et on a rigolé beaucoup. Toute cette période avec Céline était très spéciale.

Mohamed Hedi Amri, étudiant à la maîtrise en chimie

Si Mohamed avait un conseil à donner aux personnes étudiantes qui envisagent étudier à l’étranger, il leur dirait de foncer. « Prenez le risque de sortir de votre zone de confort, ça vaut la peine! Mais si vous choisissez de venir étudier au Québec, assurez-vous d’être préparées pour le froid », dit-il avec un air de connaisseur.


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