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Appel à communications

Colloque « Livres et imprimés autochtones au Québec : édition, traduction, réception »

Du 22 au 24 mai 2024 se tiendra à l'Université de Sherbrooke le colloque « Livres et imprimés autochtones au Québec : édition, traduction, réception ». L'événement est organisé par Marie-Hélène Jeannotte (Université Queen’s), Marie-Pier Luneau (Université de Sherbrooke) et Louis-Karl Picard-Sioui (Kwahiatonhk!).

Les propositions de communication sont attendues pour le 30 juin 2023.

On peut lire l'appel complet ci-dessous.

***

Livres et imprimés autochtones au Québec : édition, traduction, réception

Université de Sherbrooke, Québec, Canada

22, 23 et 24 mai 2024

Depuis les travaux fondateurs de Diane Boudreau (1993) et de Maurizio Gatti (2004), les études littéraires autochtones au Québec se sont beaucoup enrichies. Tournées en bonne partie vers les analyses littéraires, les recherches ont abordé, entre autres, la souveraineté narrative et visuelle et la réappropriation des récits (Henzi, 2010; St-Amand, 2015; Huberman, 2022), le territoire (Létourneau, 2017), l’expression décoloniale et antiraciste (Couture-Grondin, 2016; Beauclair, 2016), tout en problématisant la présence des langues autochtones et coloniales dans les œuvres (Bradette, 2018). Des approches nationales en histoire des littératures autochtones ont permis de peaufiner notre compréhension de la littérature inuite (Duvicq, 2019) et innue (St-Gelais, 2022), alors que d’autres recherches historiques ont bonifié les premiers inventaires proposés par Boudreau, Gilbert (1993) et Gatti (Jeannotte, 2019).  La question de la définition des littératures autochtones est encore à ce jour parmi les plus discutées dans les études récentes (Carrier, 2014; Major, 2018; Jeannotte, 2019; Bradette, 2021). Un consensus semble se dégager sur la nécessité, pour mieux comprendre l’histoire des littératures autochtones, d’élargir la définition de la littérature au-delà des limites linguistiques, géographiques, génériques, formelles et sociales associées aux conceptions dominantes de la littérature. Cette perspective, qu’on pourrait par ailleurs inscrire dans la tradition de l’histoire culturelle (Robert, 2012), s’étend aussi aux supports, aux modes et aux lieux de production, de diffusion et de réception des textes. Comme l’ont montré des travaux de recherche issus de l’Amérique du Nord anglophone (Young-Ing, 1993, 2018; Round, 2010; Taylor, 2020), éclairer les enjeux de l’imprimé et du livre autochtones dans une perspective d’histoire du livre permet de saisir les dynamiques coloniales à l’œuvre dans le milieu littéraire, tout en mettant en lumière les mouvements de décolonisation qui s’y opèrent.

Des acteurs et des actrices du livre œuvrent à faire exister la littérature autochtone écrite au Québec depuis des décennies. On peut penser au travail éditorial d’organismes comme l’Institut Tshakapesh (anciennement l’ICEM), aux publications de périodiques comme Kanatha, Tepatshimuwin/Tepashemoun, La voix des Premières Nations (anciennement Innuvelle), aux activités d’impression des manuels et de livres au Collège Manitou. Depuis le début des années 2000, ce secteur d’activités semble en pleine ébullition avec la collection « Les loups rouges » au Loup de gouttière, des initiatives de création littéraire comme Aimititau! Parlons-nous (2008), la fondation de la librairie (2009) et des éditions Hannenorak (2010), en passant par la création de l’organisme Kwahiatonhk!, dédié à la diffusion des écrits autochtones du Québec.

En dépit du déploiement important des structures et des événements dédiés au livre et à l'imprimé autochtones, peu de travaux universitaires ont porté jusqu’à maintenant sur les dynamiques historiques et contemporaines dans le domaine du livre autochtone au Québec. C’est sur ces dynamiques que nous souhaitons nous pencher dans le cadre du colloque

Livres et imprimés autochtones au Québec.

Qui produit le livre et l’imprimé autochtones au Québec, et comment les pratiques ont-elles évolué dans les dernières décennies? Quel est l’apport des structures d’édition dites marginales (organismes, associations, autoédition) à la production de la littérature autochtone au Québec? Comment les œuvres autochtones circulent-elles au-delà des barrières linguistiques, et quels enjeux la traduction en contexte autochtone présente-t-elle? Quels ont été les mécanismes d’inclusion et d’exclusion des œuvres littéraires autochtones au champ littéraire québécois, par exemple lors des processus de légitimation (réception, enseignement, prix)? Les auteurs et les autrices autochtones, de même que leurs œuvres, accèdent-ils aux mêmes formes de reconnaissance?

Les propositions de communication devront porter sur le livre et l’imprimé au Québec, qu’il soit produit en langues autochtones, en français ou en anglais, et pourront adopter une perspective historique ou contemporaine. Nous invitons les participantes et participants à réfléchir à la diversité des lieux de production, de diffusion et de réception du livre et de l’imprimé autochtone, en dehors ou à l’intérieur des structures canoniques de la chaîne du livre. Les propositions pourraient s’inscrire dans l’un des trois axes suivants, sans s’y limiter :

Axe production :

  • Les acteurs et les actrices de l’édition autochtone au Québec, incluant les maisons d’édition, les organismes communautaires, les associations, les regroupements
  • L’autoédition autochtone
  • Le discours éditorial (paratexte, communiqués de presse, etc.)
  • Les enjeux de la relation éditoriale en contexte colonial (direction littéraire, révision)
  • Les enjeux linguistiques, sémiotiques et éthiques de la traduction des littératures autochtones
  • Les supports numériques des textes autochtones

Axe diffusion :

  • Les périodiques (autochtones et allochtones) et la diffusion de la littérature autochtone
  • Les stratégies et les lieux de visibilité : événements, spectacles, soirées de lectures, salons du livre, promotion
  • Les enjeux de découvrabilité des œuvres littéraires autochtones en ligne
  • La circulation des œuvres littéraires au sein des communautés autochtones et au-delà, hors des frontières du Québec et du Canada, notamment par l’entremise de la traduction
  • La place (sélection, organisation, valorisation) des livres autochtones en librairie

Axe réception :

  • La place du livre autochtone dans les bibliothèques, dans l’enseignement en milieu autochtone et allochtone
  • L’analyse diachronique, synchronique ou comparative de la réception critique d’œuvres littéraires autochtones et de leurs traductions
  •  Les prix littéraires reçus par des auteurs et des autrices autochtones
  • Le développement d’anthologies et de « classiques » de la littérature autochtone

 

Les propositions de communication (de 250 mots maximum), de même qu’une notice biographique (de 250 mots maximum) doivent être envoyées avant le 30 juin 2023 à marie-helene.jeannotte@usherbrooke.ca. Une réponse sera rendue avant la fin d’août 2023. Une partie des dépenses de déplacement et de séjour pourra être prise en charge par le comité organisateur, sous réserve de l’obtention de subventions. Les personnes dont les propositions sont retenues devront être membres en règle de l’Association québécoise pour l’étude de l’imprimé (AQÉI).

Comité scientifique

Patricia Godbout, Université de Sherbrooke

Marie-Hélène Jeannotte, Université Queen’s

Marie-Pier Luneau, Université de Sherbrooke

Josée Vincent, Université de Sherbrooke

Louis-Karl Picard-Sioui, Kwahiatonhk!

Paola Puccini, Université de Bologne

Comité organisateur

Marie-Hélène Jeannotte, Université Queen’s

Marie-Pier Luneau, Université de Sherbrooke

Louis-Karl Picard-Sioui, Kwahiatonhk!

 

Partenaires

Groupe de recherches et d'études sur le livre au Québec

Kwahiatonhk!

Association québécoise pour l'étude de l'imprimé

Bibliographie

Boudreau, D. (1993). Histoire de la littérature amérindienne au Québec. Oralité et écriture. l'Hexagone.

Beauclair, N. (2016). Hétérogénéité et pensée frontalière dans la littérature amérindienne : expression de la décolonialité. Recherches amérindiennes au Québec, 46(2-3), 35–44.

Bradette, M.-E. (2021). « I was the low girl on the totem pole » : Restituer Geniesh : An Indian Girlhood de Jane (Willis) Pachano à l’histoire des littératures autochtones au Québec. Voix Plurielles, 18(2).

Bradette, M.-E. (2018). Langue française ou langue autochtone? Écriture et identité culturelle dans les littératures des Premières Nations. Captures, 3(1).

Carrier, R.-P. (2014). La littérature amérindienne au Québec : nouvelle tentative de définition. Dans Doyon-Gosselin, B., Bélanger, D. et Bérard, C. (dir.). Les institutions littéraires en question dans la Franco-Amérique (p. 41-69). Presses de l’Université Laval.

Couture-Grondin, É. (2016). Analyse antiraciste du rapport au territoire, à l’autre et à l’écriture dans Aimititau ! Parlons-nous !. Voix plurielles, 13(2), 127-149.

Duvicq, N. (2019). Histoire de la littérature inuite du Nunavik. Presses de l'Université du Québec.

Gatti, M. (dir.). (2004). Littérature amérindienne du Québec. Écrits de langue française. HMH.

Gilbert, C. (1993). Répertoire bibliographique. Auteurs amérindiens du Québec/Bibliographic Directory of Amerindian Authors in Quebec. Centre de recherche sur la littérature et les arts autochtones du Québec (CRLAAQ).

Godbout, P. (2022). Écriture, traduction et édition au féminin : Virginia Pésémapéo Bordeleau en traduction anglaise. Cahiers Anne Hébert, 18, 119-128.

Henzi, S. (2010). Stratégies de réappropriation dans les littératures des Premières nations. Studies in Canadian Literature / Études en littérature canadienne35(2), 76-94.

Huberman, I. (2022). Histoires souveraines : poétiques du personnel dans les littératures autochtones au Québec. Presses de l'Université de Montréal.

Jeannotte, M.-H. (2019). Bernard Assiniwi, l’auteur « malcommode ». Trajectoire et discours d’un auteur autochtone dans le champ littéraire québécois (1971-2000). [thèse de doctorat, Université de Sherbrooke].

Lacombe, M., Macfarlane, H. et Andrews, J.  (2010). Indigeneity in Dialogue : Indigenous Literary Expression Across Linguistic Divides / L’autochtonie en dialogue : l’expression littéraire autochtone au-delà des barrières linguistiques. Studies in Canadian Literature / Études en littérature canadienne, 35(2), 5-12.

Létourneau, J.-F. (2017). Le territoire dans les veines. Mémoire d'encrier. 81-97.

Major, M. (2018). Définitions contemporaines de « littératures autochtones » au Québec : Des littératures aux définitions multiples. Trahir, 1-16.

Moyes, L. (2018). From one colonial language to another : translating Natasha Kanapé Fontaine’s « Mes lames de tannage ». TranscUlturAl, 10(1), 64-82.

Papillon, J. (2016). Apprendre et guérir. Les rapports intergénérationnels chez An Antane Kapesh, Virginia Pésémapéo Bordeleau et Naomi Fontaine. Recherches amérindiennes du Québec, 46(2-3), 57-65.

Robert, L. (2012). La « vie culturelle » et son histoire. Quelques réflexions sur la notion de « vie ». Globe. Revue internationale d'études québécoises, 15(1-2), 231-242.

Round, P. H. (2010). Removable Type. Histories of the Book in Indian Country, 1663-1880. The University of North Carolina Press.

Taylor, R. (2020). Gathering knowledges to inform best practices in indigenous publishing. Ariel : A Review of International English Literature, 51(2-3), 205-232.

St-Amand, I. (2015). La crise d'oka en récits : territoire, cinéma et littérature. Presses de l'Université Laval.

St-Gelais, M. (2022). Une histoire de la littérature innue. Institut Tshakapesh et Imaginaire Nord. 20-28.

Younging, G. (2018). Elements of Indigenous Style. Brush Education Inc.

Younging, G. (1993). Aboriginal Peolples’ Estrangement : Marginalization in the Publishing Industry. Dans J. Armstrong (dir.), Looking at the Words of our People : First Nations Analysis of Literature (p. 177-187). Theytus Books.