Mémoire - Julie ROY
L'expérience du sacré ou la communion avec la nature dans l'oeuvre d'Albert Camus
Julie ROY
Même si Albert Camus se révèle un écrivain bien ancré dans la modernité de son époque, « il y a [aussi] chez [lui] des passages qui semblent ouvrir la porte vers un autre univers, comme si la modernité des thèmes et de la facture [n'était] qu'un mince vernis qui cache une conception du monde autrement archaïque. » Cet envers de l'écriture camusienne fascine et mérite d'être approfondi; c'est pourquoi nous désirons ouvrir cette autre porte donnant accès à un aspect peu connu et peu analysé chez Camus : l'expérience du sacré, qui remonte aux origines du monde et s'incarne à travers la relation primordiale qu'entretenait l'humain avec la nature. Dès les premières lectures (de L'envers et l'endroit et de Noces) et tout au long du parcours des écrits camusiens, cette intuition a persisté. À l'origine, impossible de la nommer, mais au fil des recherches, un mot paraissait matérialiser ce thème, cette émotion qui traversait l'oeuvre camusienne : le sacré. De plus, le sacré ne fait pas que parcourir les textes de Camus, il en est aussi littéralement la base, enracinée et presque invisible au premier coup d'œil. Cette idée du sacré chez Camus mérite donc toute notre attention, non seulement parce qu'elle est inordinaire – ce n'est pas le premier mot qui vient à l'esprit quand on songe à Camus (on penserait davantage à l'absurde ou à la révolte, par exemple) –, mais également parce que le déploiement du sacré dans ses textes nous semble profondément touchant...