Mémoire - Karol'Ann BOIVIN
Figures d’étudiant·e·s en lettres dans le roman québécois (2000-2015). Les années d’apprentissage d’un « tout petit monde » universitaire
Karol'Ann BOIVIN
Ce mémoire de maîtrise propose d’analyser les figures d’étudiant·e·s en lettres dans les romans québécois parus entre 2000 et 2015. Récurrents, ces personnages n’ont pas retenu l’attention des chercheur·euse·s pour autant. Je postule qu’au confluent du roman d’apprentissage, du roman universitaire ainsi que du roman de la vie littéraire se trouvent ce que je nomme les romans de l’étudiant·e en lettres, ces œuvres gravitant autour de littéraires au statut fictif, mais à la parole métadiscursive. L’hypothèse qui traverse ce projet veut que les figures estudiantines constituent d’excellents postes d’observation du texte et du contexte, à l’instar du « romancier fictif » d’André Belleau (1980) qui permettait de comprendre de telles dynamiques pour le monde du livre. Les représentations des études littéraires portent en elles-mêmes les apories d’un univers inventé, mais qui puise dans le réel une charge sémiotique considérable. L’imaginaire social (Pierre Popovic, 2013; Alex Gagnon, 2015), sert en ce sens de pivot théorique. Par leur fort degré d’autoréflexivité, les romans de l’étudiant·e en lettres offrent une porte d’entrée, ils créent une brèche dans l’imaginaire social de la communauté universitaire lettrée. Le regard jeté sur celle-ci par les écrivain·e·s et leurs hypostases fictifs – les personnages d’étudiant·e·s – est partiel et partial (en raison de l’humour notamment), mais présente des points de continuité d’une œuvre à l’autre : la mise en réseau de ces indices (méta)discursifs informe un état du discours littéraire sur les rapports entre la littérature et l’université. En analysant les figures d’étudiant·e·s de manière synchronique, on voit se dessiner des portraits qui présentent des caractéristiques communes : le premier chapitre s’applique à les répertorier et à les analyser. Les trois chapitres subséquents se concentrent sur autant de types estudiantins distincts : le Bourlingueur, le ou la Justicier·ère des lettres, ainsi que l’Amoureux·euse. Onze romans québécois contemporains ont servi à délimiter les contours d’une figure jusqu’ici délaissée par la critique savante.