Récipiendaires 2023
Prix de la meilleure thèse de doctorat
Francis Loignon-Houle
Médecine et sciences de la santé
Préparer l’imagerie du futur
Travailler sur l’infiniment petit à poser les bases d’une technologie de pointe qui pourrait sauver de nombreuses vies : c’est ce qu’a réalisé Francis Loignon-Houle, doctorant en médecine nucléaire et radiobiologie, dans le cadre de sa thèse.
Sous la supervision des professeurs Roger Lecomte, Réjean Fontaine et Serge Charlebois, le jeune chercheur a mis son esprit visionnaire au service de l’imagerie médicale afin de trouver des solutions pour améliorer la vitesse des détecteurs utilisés dans les appareils de tomographie d’émission par positrons (TEP). Ce type d’imagerie 3D est couramment utilisé en recherche et dans le milieu clinique pour, entre autres, détecter les cancers.
Sa recherche combinant médecine nucléaire et génie électrique et informatique s’est attardée à exploiter un concept d’avant-garde bien connu de la communauté de recherche, mais pas encore formalisé : le temps de vol ultrarapide de photons. L’étudiant a réussi à formaliser ce concept hautement prometteur en identifiant les obstacles physiques et technologiques, et en élaborant des solutions originales, certaines totalement insoupçonnées, pour en surmonter les barrières. Qualifiée d’avancée primordiale pour la prochaine révolution en imagerie médicale TEP, cette thèse reçoit les honneurs tant pour la pertinence de son contenu que pour la qualité de l’écriture.
Simon Boudreault
Médecine et sciences de la santé
Mieux se défendre contre les virus
Dans le corps, une lutte silencieuse oppose les cellules humaines et les virus. Ce champ de bataille fournit de l’information précieuse sur les mécanismes employés par les virus pour échapper à notre système immunitaire et remporter ce combat essentiel à leur survie.
Pour sa thèse, le doctorant de biochimie Simon Boudreault a étudié l’épissage alternatif, un processus crucial qui survient à l’intérieur des cellules humaines. À travers trois études publiées dans des revues scientifiques reconnues du domaine, l’étudiant a mis en lumière une relation particulière entre la protéine virale μ 2 et le complexe U5 de la cellule, qui affecte le fonctionnement de ce dernier ainsi que l’habileté des cellules à se défendre lors d'une infection par réovirus, le virus étudié.
Cette découverte est d’une grande importance, puisqu’elle démontre clairement que les infections virales sont plus complexes que ce qu’on pouvait imaginer en ce qui touche l’expression et la régulation des gènes de la cellule infectée. Grâce à ces travaux codirigés par le professeur et vice-doyen Martin Bisaillon et un chercheur de l’Université de Montréal, le professeur Guy Lemay, le développement de nouveaux antiviraux ciblant la machinerie d’épissage pourrait être envisagé. Un travail exceptionnel ayant contribué à défricher un domaine en pleine expansion.
Guillaume Theaud
Sciences naturelles et génie
Tout donner contre les maladies du cerveau
Grâce aux algorithmes développés en neuroinformatique, l’imagerie médicale vise maintenant à améliorer le sort des personnes atteintes de maladies neurodégénératives, l’Alzheimer et la sclérose en plaques. Pour Guillaume Theaud, doctorant en informatique, un angle mort avait toutefois échappé à la recherche.
En effet, dès ses premières armes en laboratoire alors qu’il n’était qu’au baccalauréat, il a remarqué que les données utilisées pour développer ces algorithmes provenaient uniquement de sujets jeunes et en santé. Cela ne reflétait pas la réalité de la recherche clinique et appliquée, qui teste les outils informatiques également sur des sujets âgés ou atteints de pathologie.
Dans le cadre de sa thèse, Guillaume a donc entrepris de développer des méthodologies et des outils adaptés à tous ces profils de patients. Parmi les innovations créées, l’outil TractoFlow a déjà été téléchargé des milliers de fois dans quatre pays. Le professeur ayant supervisé les travaux, Maxime Descoteaux, ne tarit pas d’éloges à l’endroit de cet étudiant prolifique aux idées pratiques, qui a laissé sa marque dans son laboratoire. Une « superstar », pour reprendre ses mots! Une thèse remarquable ayant mené à des contributions scientifiques importantes.
Charles-Étienne Daniel
Sciences humaines et sociales
Gouverner le développement des robots par le droit
L’arrivée des robots interactifs utilisant l’intelligence artificielle, comme les robots d’assistance, les drones et les voitures autonomes, suscite de nombreuses questions de gouvernance. Leur autonomie croissante et leur imprévisibilité potentielle pourraient représenter des défis pour nos sociétés. Un cadre normatif s’impose.
C’est dans ce contexte que le doctorant en droit Charles-Étienne Daniel, aujourd’hui professeur et droit et technologies, a développé des outils d’analyse qui permettront de mieux diagnostiquer les forces et les limites qu’offre le droit pour gouverner le développement de la robotique interactive. Totalisant 699 pages, sa thèse propose une réflexion étoffée sur les moyens à envisager pour assurer un encadrement responsable de ces innovations technoscientifiques. Ce travail remarquable et de longue haleine offrira un réel accompagnement aux parties prenantes qui souhaitent prendre les bonnes décisions à l’égard des technologies de rupture à venir.
La thèse de Charles-Étienne se démarque sur plusieurs points. Son caractère interdisciplinaire mariant droit et génie est l’une de ses grandes qualités, selon les deux membres du corps professoral ayant supervisé la recherche, la professeure de droit Louise Bernier et le professeur de génie électrique et informatique François Michaud. Un travail pertinent portant sur un sujet contemporain et dont les retombées seront immédiates.