Prix Recherche et création - Lauréats 2018
Martin Brouillette, Simon Bérubé, Andrew Benko et Marc-Antoine Despatis
Sciences naturelles et génie
Les blocages artériels complets représentent le plus grand problème actuel de l’angioplastie. Mais, comme le prouve sa première démonstration clinique, la technologie SoundBite relève le défi. Et elle révolutionnera peut-être la vie de plus de 100 millions de personnes. Avec les méthodes traditionnelles, s’attaquer aux occlusions complètes d’artères demande des interventions complexes, voire une amputation. Et, à l’occasion, ces blocages restent bien en place, avec tous leurs effets sur la qualité de vie des gens touchés. Sous la supervision de Martin Brouillette, Simon Bérubé, Andrew Benko et Marc-Antoine Despatis, et avec l’aide de Steven Dion et Louis-Philippe Riel, l’équipe SoundBite a réalisé des tests sur 40 sujets humains. Son objectif était de vérifier l’efficacité et la sécurité de la technologie, qui repose sur l’utilisation d’un fil-guide, introduit par le chirurgien dans l’artère bloquée. Un générateur d’ondes de choc est relié au fil guide. Il émet des impulsions mécaniques de forte amplitude et de courte durée, grâce auxquelles le fil guide agit comme un marteau-piqueur microscopique. D’après les tests réalisés, SoundBite perce des blocages considérés auparavant comme indélogeables, et ce, sans risque pour les tissus environnants.
Grâce à une collaboration interfacultaire remarquable, SoundBite lie recherche fondamentale et application pratique. Elle mérite donc amplement sa nomination comme l’une des dix Découvertes 2017 du magazine Québec Science. Et son développement commence à peine! La technologie a obtenu un brevet et une première approbation règlementaire pour sa commercialisation en Europe. Les 35 employés de SoundBite Medical Solutions envisagent d’ailleurs plusieurs autres applications médicales, allant du traitement de problèmes cardiovasculaires à l’ablation de tumeurs cancéreuses.
Robert Ingari
Sciences humaines et sociales
C’est avec trois réalisations charnières que Vient le jour, une composition du professeur Robert Ingari, a rayonné en 2017. En effet, cette année en a marqué la création nord-américaine, le premier enregistrement et l’interprétation par un chœur albertain. De quoi révéler toute la richesse de cette œuvre pour chœur et violoncelle. Accompagné du violoncelliste Alexandre Castonguay et dirigé par Robert Ingari lui-même, le Chœur de chambre du Québec a présenté publiquement Vient le jour pour une première fois en Amérique du Nord. Cette interprétation légère a teinté la composition d’une couleur jusqu’ici inexplorée, soulignant l’originalité de son instrumentation… Car seule une douzaine d’œuvres contemporaines sont écrites pour chœur et violoncelle.
Le Chœur de chambre du Québec a aussi enregistré Vient le jour, cette fois-ci avec la violoncelliste Julie Trudeau. Le défi technique que pose l’œuvre s’exprime pleinement dans cette captation sonore. Sopranos et basses déploient toute la richesse de leur registre tandis que, comme une neuvième voix, le violoncelle vibre des aigus aux graves. De plus, Robert Ingari a inclus six mesures omises de la composition originale, magnifiant encore cette prestation.
Et, finalement, le professeur Leonard Ratzlaff, de l’Université de l’Alberta, a sélectionné Vient le jour pour le programme de son chœur, les Madrigal Singers. Grâce à ce choix, lyrisme et profondeur du français brillent. L’interprétation subtile de l’ensemble albertain sublime le texte introspectif et pourtant universel signé par la poète québécoise Hélène Dorion. Ces trois réalisations ont assuré que la composition du professeur Robert Ingari se classe parmi les œuvres importantes du répertoire contemporain canadien.
Stephen C. Cunnane, Isabelle Dionne, Nancy Paquet, Christian Bocti, Tamàs Fülöp et Guy Lacombe
Médecine et sciences de la santé
Enjeu social majeur, l’Alzheimer se heurte à l’absence d’un médicament efficace. L’assomption du monde médical est que les cellules du cerveau meurent rapidement avec la maladie. Par conséquent, la recherche tente jusqu’ici de minimiser cette mort cellulaire présumée, par le développement d’un produit pharmaceutique… Jusqu’ici. Grâce à une technique d’imagerie novatrice, Nancy Paquet, Guy Lacombe, Tamàs Fülöp, Christian Bocti et Stephen Cunnane, professeurs à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, de même qu’Isabelle Dionne, professeure à la Faculté des sciences de l’activité physique, ont établi que, dans la maladie d’Alzheimer, les cellules du cerveau fonctionnent toujours. Mais elles reçoivent peu ou pas d’énergie.
Normalement, les glucides constituent leur principale source d’énergie. Cependant, devant un apport glucidique faible, le cerveau recourt aux cétones, fournis par le gras. La technique développée en collaboration avec le Centre de recherche sur le vieillissement, le Centre de recherche du CHUS et le Centre d'imagerie moléculaire de Sherbrooke est la première à mesurer à la fois la consommation de glucides et celle de cétones. Grâce à elle, l’équipe a constaté que, si le cerveau atteint par l’Alzheimer absorbe moins de glucides, les cétones consommées peuvent doubler avec l’exercice modéré et un supplément alimentaire cétogène.
Au-delà de ses bénéfices cardiovasculaires bien connus, l’exercice entraîne des effets positifs sur la cognition, comme l’indiquent les résultats des patients suivis lors de l’étude. Pratiqué en groupe, l’exercice favorise aussi une stimulation sociale essentielle pour les personnes atteintes d’Alzheimer. Cette découverte suggère donc des pistes non pharmacologiques pour la prévention et le traitement de cette redoutable maladie.