Recouvrements alternatifs pour zones dégradées et sites d’enfouissement
La restauration des lieux dégradés à la suite d’activités humaines telles que l’exploitation de ressources naturelles, l’urbanisation ou l’enfouissement de sols et matières résiduelles représente un sujet d’actualité.
Pour le moment, au Québec, les firmes de génie-conseil traditionnelles mandatées pour la conception de plans et devis dans les travaux de restauration de sites dégradés ne connaissent pas tous les systèmes alternatifs pouvant servir à la restauration des sites. Les divers intervenants et décideurs de première ligne, dont les instances responsables des autorisations, verront donc d’un œil très favorable les recherches menées sur le sujet à l’UdeS. Ces travaux mèneront à des nouvelles pistes de solutions très concrètes, dans une perspective de développement durable.
Puisque le recouvrement des sites est bien souvent un impératif pour assurer sa mise en valeur, les chercheurs tentent de déterminer si certaines classes de sols, présentement non acceptées comme matériau de construction, pourraient être utilisées dans les recouvrements et ainsi servir à des fins bénéfiques plutôt que d’être enfouies.
Les recherches ont démontré que pour être efficace, le recouvrement d’un site d’enfouissement doit être en mesure de contrôler les infiltrations d’eau et les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce faisant, la végétation, une fois installée, peut recommencer à jouer correctement son rôle de protectrice contre l’érosion. En contrepartie, un recouvrement inefficace peut avoir des répercussions malheureuses pour les populations avoisinantes : détérioration de la qualité de leur environnement, émanations de gaz malodorants, présence de rongeurs et, potentiellement, contamination de cours d’eau.
C’est dans cet esprit que l’équipe du professeur Alexandre Cabral développe des biorecouvrements d’oxydation passive du méthane (BOPM). Ces recouvrements alternatifs réduisent de manière considérable les émissions de GES après fermeture des systèmes actifs, quand ces derniers ne sont plus capables de collecter le biogaz. Dans certains cas, par exemple sur de vieux sites ou des sites où le captage doit être arrêté, les BOPM peuvent même être la seule option viable.
Afin de tester les différents matériaux et ainsi évaluer le recouvrement le plus efficace, ils ont construit trois parcelles expérimentales sur le site d'enfouissement de St-Nicéphore, au Québec. Les travaux intègrent à la fois les aspects géotechniques (mise en place; compactage; etc.), hydrauliques (écoulements non saturés; évolution de la saturation en eau; etc.) et biologiques (dynamique de l'activité des méthanotrophes) d’un BOPM. Cinq parcelles expérimentales de grandes dimensions ont également été construites pour y installer des lysimètres et des senseurs connectés à des acquisiteurs de données. Avec ces parcelles, ils évalueront la quantité d’eau qui percole sur les différents recouvrements testés, dont certains incorporant des sols contaminés. À terme, les recherches menées par l’équipe sherbrookoise conduiront à des solutions durables face à l’enjeu très actuel de la gestion des déchets.
Chercheur principal : Alexandre Cabral