Prix Recherche et création - Lauréats 2019
Fanie Pelletier
Sciences naturelles et génie
En Scandinavie, il est illégal de chasser les ourses si elles se déplacent avec leurs petits. La plupart des femelles gardent leurs oursons pendant un an et demi et produisent une nouvelle portée l’année suivante. Lorsqu’elles se retrouvent seules, elles présentent quatre fois plus de risques d’être tuées. Spécialiste mondialement reconnue en écologie animale, la professeure Fanie Pelletier du Département de biologie de la Faculté des sciences s’est intéressée, avec son équipe, à la manière dont la chasse influence les soins maternels d’une population d’ours bruns chassés depuis longtemps en Suède. À la suite de l’instauration de la réglementation protégeant les groupes familiaux, elles ont remarqué que, sur une période de plus de vingt ans, la proportion d’oursons maternés pendant deux ans et demi plutôt qu’un an et demi avait augmenté de manière significative. Les femelles semblent donc s’adapter et se reproduire à des intervalles plus espacés, laissant présager des changements évolutifs vers une croissance plus lente des populations.
Cette découverte, publiée en 2018 dans la prestigieuse revue Nature Communications, a fait l’objet d’une importante diffusion dans les médias à l’échelle internationale. Elle pourrait influer sur la gestion et la conservation des espèces sauvages ciblées par la prédation humaine. Pour l’impact majeur de cette publication, le Prix de la recherche et de la création 2019, volet Sciences naturelles et génie, est remis à la professeure Fanie Pelletier, de la Faculté des sciences.
Anthony Glinoer
Sciences humaines et sociales
Une bande d’artistes vivant d’amour et d’expédients dans le Paris du XIXesiècle. Le mythe de la bohème et de la vie de bohème demeure encore bien ancré dans notre imaginaire social. Manière de vivre, mouvement artistique, regroupement social… qu’est-ce que la bohème, au juste? C’est ce que décrypte le professeur Anthony Glinoer, du Département des lettres et communications de la Faculté des lettres et sciences humaines, dans son ouvrage La bohème. Une figure de l’imaginaire. Spécialiste du XIXe siècle français et des groupes littéraires, le professeur Glinoer signe ici, au terme de plus d’une décennie de recherches, la première publication d’importance en langue française sur le phénomène de la bohème.
L’un des éléments distinctifs de ce livre est qu’en plus du cadre français, il étudie l’imaginaire de la bohème et ses déclinaisons dans le temps et dans l’espace. Pour la première fois, la diffusion du phénomène à l’échelle occidentale y est analysée, de Madrid à Buenos Aires, en passant par Montréal, New York et Varsovie.
Pour cette publication d’envergure innovante, le Prix de la recherche et de la création 2019 – volet Sciences humaines et sociales – est remis au professeur Anthony Glinoer, du Département des lettres et communications.
Jean-Luc Ardilouze et Fernand Gobeil
Médecine et sciences de la santé
Repousser les fondements et les paradigmes scientifiques peut parfois engendrer des découvertes majeures. C’est ce qu’ont osé Jean-Luc Ardilouze et Fernand Gobeil, professeurs-chercheurs à la Faculté de médecine et des sciences de la santé et du Centre de recherche du CHUS, en créant deux inventions qui auront des retombées concrètes pour les personnes atteintes de diabète. L’insuline, depuis sa découverte nobélisée en 1923 par Best et Banting, deux chercheurs canadiens, est considérée comme une molécule pure et noble ne pouvant être modifiée. Forts d’une collaboration alliant la recherche fondamentale à la recherche clinique, les chercheurs Ardilouze et Gobeil ont fait montre d’audace, en ajoutant différentes molécules vasodilatatrices et anti-inflammatoires à la solution d’insuline.
Ils ont ainsi mis au point deux formulations d’insuline; l’une visant à augmenter l’absorption d’insuline chez les patients obèses diabétiques de type 2, et l’autre à prolonger la durée des cathéters chez les patients diabétiques utilisant des pompes. Présentant un grand potentiel commercial, ces deux inventions ont fait l’objet de brevets. Le premier a été vendu à l’industrie pharmaceutique l’an dernier, et le deuxième est en cours de consolidation.
Pour ces inventions audacieuses, le Prix de la recherche et de la création 2019 – volet Médecine et sciences de la santé, est remis à l’équipe composée des professeurs Jean-Luc Ardilouze et Fernand Gobeil, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé.