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Projet novateur de coopération internationale

Une étudiante en psychoéducation auprès des enfants en Inde

Valérie Lupien Thiffault
Valérie Lupien Thiffault
Photo : Michel Caron

Mieux aider les élèves en difficulté et intervenir tôt auprès d’eux peut prévenir des problèmes futurs et changer le cours de leur vie. Ce discours, on l’entend souvent chez nous, où la pénurie de ressources est souvent pointée du doigt. Mais qu’en est-il dans des pays émergents qui peinent à combler les besoins de base de leur population? Valérie Lupien Thiffault, étudiante de 2e année en psychoéducation, s’apprête à vivre une expérience unique en Inde. Pendant trois mois, elle mettra à l’épreuve ses connaissances en intervenant auprès d’écoliers en difficulté d’une région rurale du sud du pays.

L’étudiante a entrepris elle-même les démarches de ce projet organisé sous l’égide d’Éclosion, un organisme voué à la coopération internationale et au développement durable. Sur place, Valérie travaillera avec l’organisation Anawim. En plus d’oeuvrer directement avec les enfants démunis, elle verra à répertorier des projets futurs qui pourraient amener d'autres étudiants du domaine de l'éducation à se rendre là-bas.

Un domaine à défricher

Valérie Lupien Thiffault compte sur une première expérience de coopération internationale. Elle a déjà séjourné cinq mois au Mali, pour aider une coopérative de production de beurre de karité. Cette fois, le projet qu’elle s’apprête à vivre en Inde touche directement à son domaine d’études.

«Mon projet se déroulera en milieu rural et j’aurai à me promener dans des villages, dit-elle. Ma tâche sera d’intervenir auprès d’écoliers aux prises avec des problèmes très variés. Il pourra s’agir de retard de développement, de problèmes physiques, cognitifs, de déficience intellectuelle ou d’autisme; bref, je m’attends à rencontrer des problématiques de toutes sortes.»

Au delà de l’intervention auprès des jeunes, l’étudiante prévoit devoir expliquer le bien-fondé de ses interventions aux parents et aux enseignants. «Je crois que mon travail sera aussi de démystifier un certain nombre de choses auprès des adultes qui accompagnent ces enfants, dit-elle. Par exemple, si on constate qu’un enfant a une déficience intellectuelle, il faudra leur faire comprendre que l’enfant ne redeviendra pas "normal", mais qu’il faut plutôt l’amener à être capable de vivre avec ses limites. Il est clair qu’en trois mois, ces interventions constitueront la première étape d’une démarche plus grande visant à outiller les professeurs à long terme.»

L’étudiante a appris qu’elle aurait l’électricité et l’Internet. Elle se référera donc à certains outils en ligne pour organiser ses interventions. Reste à voir si ces modèles seront applicables en fonction des valeurs et de la culture indiennes, dit-elle.

Région rurale

Le projet se déroulera dans l’État du Tamil nadu, situé à l’extrême sud-est du pays. Valérie comptera sur la collaboration de partenaires locaux qui parlent anglais. Quant aux enfants, la plupart parlent un anglais fonctionnel vers l’âge de 10 ans. Cela dit, l’étudiante ne compte pas imposer sa présence et prévoit agir avec doigté avant ses interventions.

«La psychoéducation se veut une relation d’aide, dit-elle. On ne peut donc pas forcer les gens à recevoir cette aide. Si les parents sont d’accord, je vais y aller et je vais m’adapter aux besoins qui se présenteront à moi. Dans certains cas, il pourrait s’agir de faire comprendre qu’un retard d’apprentissage plus léger n’est pas causé par le fait que l’élève ne travaille pas assez fort ou est paresseux.»

Valérie, qui se présente comme une «fille de la campagne», est rassurée de pouvoir réaliser son projet hors d’une grande ville. «On me dit que le centre éducatif où je logerai est entouré de forêts et j’ai l’impression qu’en milieu rural les gens seront accueillants, dit-elle. En revanche, les services seront sans doute moins disponibles.»

Le projet se déroulera dans un centre qui promeut l’éducation et qui comprend une petite école et une résidence.

L’échelle des besoins

Souvent, les projets humanitaires qu’effectuent les étudiantes répondent à des besoins plus immédiats, comme favoriser l’accès à l’eau potable. Le projet de Valérie est donc assez novateur.

«Je vais voir ce que ça donne et quel est le potentiel pour aller plus loin, dit-elle. Si on met les choses en perspective, on voit que dans un pays comme l’Inde, les enfants en difficulté peuvent vivre beaucoup de problématiques s’ils ne sont pas suivis. Par exemple, faute d’accès aux médicaments, on donne de l’alcool aux enfants pour les soulager. Certains deviennent alcooliques. Je risque d’être confrontée à plusieurs problématiques que je connais pas.»

Valérie espère donc pouvoir faire une différence, si minime soit-elle, auprès de quelques enfants. Mais le choc culturel ne l’effraie pas trop. «En fait, le choc du retour me fait plus peur, dit-elle. C’est là que ressortent tous les questionnements sur notre mode de vie et nos origines. Sur place, je croiserai sûrement des enfants pauvres qui manquent de tout. À mon retour, pour moi, chacun de ces enfants aura un nom et une existence bien réelle. Cela va bien au-delà des clichés», conclut-elle.

L’étudiante a financé elle-même la quasi-totalité de son voyage. Elle est à la recherche de soutien financier. Si vous souhaitez appuyer ce projet, vous pouvez communiquer avec elle à l’adresse Valerie.Lupien.Thiffault@USherbrooke.ca.