Stage en adaptation scolaire et sociale au Sénégal
Une expérience étudiante qui change la donne
À l’Université de Sherbrooke ou ailleurs, plusieurs éléments influencent l’expérience étudiante et changent la donne dans un parcours scolaire, comme les rencontres, les stages et les implications entre autres. Cet hiver, 28 personnes étudiantes au baccalauréat en adaptation scolaire et sociale (BASS) ont choisi de s’envoler vers le Sénégal afin de réaliser leur stage de 3e année. Celles-ci sont sorties de leur milieu habituel pour vivre dans un environnement complètement différent. Même si cela a été confrontant, les étudiantes et les étudiants assurent que ce fut une expérience interculturelle inoubliable et que cela en vaut grandement la peine.
C’est indescriptible comment ce stage a été transformateur. Parce que chaque personne le vit différemment, mais aussi parce que c’est tellement intense, englobant, immersif. Nous retenons donc plusieurs apprentissages sur le plan personnel qui impacteront évidemment, et ce, très positivement, notre plan professionnel.
Adèle Boudreau, étudiante au BASS
Du 22 janvier au 24 février 2023, ce stage à l’international a donné l’occasion aux personnes étudiantes de se redécouvrir et de remettre en question tout ce qu’elles tenaient pour acquis, pas seulement en ce qui concerne le matériel, mais aussi par rapport aux normes sociales ou aux valeurs.
Pour ma part, j’ai toujours voulu aller en Afrique. On en entend parler, on se fait des images, on a des préjugés. Je voulais le voir et le vivre. La chaleur, la communauté, le rapport au temps… j’avais soif d’une expérience humaine et ce stage a répondu à cette aspiration que j’avais depuis longtemps. Puis, professionnellement, j’aime la clientèle de la francisation, donc je trouvais aussi que ça avait du sens pour moi d’y aller. J’en ai profité à fond. À présent, je ne pense qu’à y retourner
Élisa Thériault, étudiante au BASS
L’origine du projet
Ce stage a pris naissance grâce à l‘intérêt de personnes étudiantes qui avaient un désir commun : effectuer un stage outremer. Julie Lane, professeure agrégée au Département d’études sur l’adaptation scolaire et sociale, et Sébastien Ratté, chargé de cours au Département d’études sur l’adaptation scolaire et sociale, ont organisé le projet.
Au début des années 2000, nous avons organisé des projets spéciaux au Mali où nous avons accompagné plus d’une centaine de personnes étudiantes à aller enseigner dans des écoles d’un petit village au Mali. On croit vraiment au potentiel de telles expériences.
La professeure Julie Lane
C’est avec plaisir que la professeure Julie Lane et le chargé de cours Sébastien Ratté ont accepté d‘aller de l’avant avec le projet et ont fait les démarches afin que cette expérience soit reconnue dans le cadre du stage de 3e année du BASS. Ceux-ci ont accompagné le groupe dans ce stage de cinq semaines d’enseignement dans les écoles du Sénégal.
Plusieurs partenaires ont également contribué à la mise en place de ce stage. Le Carrefour de solidarité internationale (CSI) a identifié le lieu de stage, le village Fissel, et a contribué à la formation avant le départ des personnes stagiaires. Cette formation, sous forme d’un cours crédité, a aussi été rendue possible grâce à la contribution de l‘Accompagnateur entrepreneurial Desjardins (AED).
Le CSI a fait le pont entre notre groupe de l’UdeS et la communauté de Fissel, le village d’accueil au Sénégal. Ils nous ont aussi donné plusieurs formations, plus que pertinentes, qui abordaient plusieurs sujets dont la communication, le rôle des femmes et le complexe du sauveur blanc.
Élisa Thériault, étudiante au BASS
Vivre au cœur de la communauté sénégalaise
Même si elles sont parties en groupe, les personnes stagiaires se sont tout de même engagées dans une aventure solitaire puisque chacune était logée dans une famille différente. Cette vie en famille a été grandement appréciée. Les personnes étudiantes expliquent qu’elles ne savaient pas vraiment à quoi s’attendre au départ, mais elles ont eu l’occasion de développer de très beaux liens avec leur famille d’accueil tout en découvrant ce qu’est le quotidien sénégalais. Cette expérience immersive dans le village, les familles et les écoles implique aussi de vivre la réalité du choc culturel; c’était l’occasion de traverser les défis et de ressortir grandi. Deux étudiantes en témoignent :
Les premiers jours, je me demandais vraiment comment j’allais faire pour vivre cinq semaines là-bas. Avec le temps, j’ai réussi à passer par-dessus mes défis et je suis pas mal fière de moi pour ça.
Je ne savais tellement pas à quoi m’attendre avec ma famille d’accueil, mais ils ont vraiment bien pris soin de moi. Je les aime d’amour.
Les personnes participantes ont senti qu’elles se sont développées à vitesse grand V, que ce soit à travers leurs bons coups ou leurs défis. De manière générale, ce séjour les a sorties de leur zone de confort. C’est une expérience parfaite pour aller à la rencontre de soi-même dans une autre culture. Elles ont aussi fait de nouveaux apprentissages : plusieurs parlent de l’importance du lâcher-prise, du contentement, de la nuance et de la communication. D’autres ajoutent que ce stage a permis de devenir une meilleure personne dans toutes les sphères de leur vie, dont celle de l'enseignement.
Enseigner avec de nouveaux repères
Lors du stage au Sénégal, les personnes étudiantes ont constaté que la réalité était parfois très différente des écoles au Québec. Par exemple, certaines classes pouvaient accueillir jusqu’à 90 élèves, ce qui entrainait des défis supplémentaires. La gestion de la classe était très différente de la réalité au Québec. L’accès au matériel pédagogique était également limité. Les stagiaires ont dû s’y adapter et cela remet les choses en perspective.
Souvent, on essaie d’avoir plein d’outils et de matériel pour faire quelque chose de grandiose, mais en même temps, les élèves peuvent comprendre aussi bien et avoir tout autant de plaisir avec ce qui est simple.
Olivier Lefebvre, étudiant au BASS
Finalement, ce stage à l’international a eu un grand impact dans leur vie. C’est le cœur rempli de gratitude, de souvenirs, avec un regard nouveau sur elles-mêmes, sur le monde et sur l’enseignement, que les personnes étudiantes sont revenues chez elles. Elles espèrent sincèrement que leur passage ouvrira la voie à d’autres cohortes étudiantes. Le groupe a beaucoup appris de la « teranga » sénégalaise qui signifie en wolof accueillir.
Nous avons beaucoup à apprendre de leur accueil, leur solidarité et l’importance qu’ils accordent aux relations humaines.
Élisa Thériault, étudiante au BASS
Les étudiants et les étudiantes ont pu constater qu’un stage en contexte interculturel amène beaucoup de bon. Le partage des connaissances des deux côtés pousse toutes les personnes concernées vers le haut. Ils ont aussi affiné leur compréhension de la réalité des élèves immigrants : choc culturel, réalité différente de l’école, etc.
Nous avons vu des enfants qui ont soif d’apprendre. Pour vrai, si on leur disait de venir à l’école le soir ou le samedi, ils viendraient tous. Si les opportunités sont là, ils vont les prendre.
Adèle Boudreau, étudiante au BASS
Des démarches sont en cours afin de pérenniser ce stage à Fissel et un fonds a été mis sur pied grâce à la collaboration du groupe afin de soutenir des projets de coopération arrimés aux besoins de Fissel.
Informations complémentaires
- Fonds Éducation à l'international - Soutenir les activités de la faculté d’éducation à l'étranger et stages des personnes étudiantes dans un cadre de formation pratique à l’international
- Baccalauréat en adaptation scolaire et sociale
- Carrefour de Solidarité internationale (CSI)
- Accompagnateur entrepreneurial Desjardins (AED)
- Département d'études sur l'adaptation scolaire et sociale