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Exploring Transnational Dimensions of Activism in Contemporary Book Culture (vol. 13, n° 2, 2022)

Explorer les dimensions transnationales de l’activisme dans la culture contemporaine du livre

A is for Activist est le titre d’un livre pour enfants à succès publié en 2013 par Innosanto Nagara. Ce petit livre cartonné véhicule un message fort : les livres peuvent être des catalyseurs de changement. Le monde de l’édition a tantôt facilité, tantôt entravé le progrès politique et social dans divers contextes internationaux. L’activisme en édition a certainement une dimension transnationale : si les facteurs nationaux et identitaires doivent être pris en compte, reste qu’ils s’inscrivent dans un réseau transnational présentant des inégalités de pouvoir et de « capital littéraire » (Casanova 2004). Ce numéro spécial puise son inspiration dans « l’activisme imprimé » qui s’est développé dans le long XXe siècle (Schreiber 2013) pour proposer une réflexion sur l’activisme qui a cours aujourd’hui dans l’industrie de l’édition, et sur les recherches qui s’y rapportent.

Organisé autour du thème de l’activisme et des dynamiques de pouvoir, le présent numéro examine sous cet angle les cultures propres à la profession d’auteur ou d’autrice, au lectorat, à l’édition et à la diffusion. Dans la foulée des recherches récentes qui abordent la diversité et l’activisme — notamment l’activisme international des bibliothèques (Frances 2020), les questions raciales dans la littérature pour jeunes adultes (Ramdarshan Bold 2018), les blogues et les archives queers (Rak 2005 ; Przybylo 2014), le harcèlement sexuel dans le contexte des salons internationaux du livre (Squires et Driscoll 2018), l’activisme fan (Wang et Zhang 2017) ainsi que la participation des vendeuses et vendeurs de livres itinérants aux économies en voie de développement (OpokuAmankwa, Kande Mahama et RyKottoh 2012) —, ce numéro regroupe des articles qui explorent et interrogent les dynamiques de pouvoir dans le champ des études sur le livre et l’édition au XXIe siècle. Une attention expresse sera dévolue aux contextes transnationaux et aux connexions transnationales. Ainsi, nous invitons les collaborateurs et collaboratrices à voir l’activisme comme « une forme de pouvoir qui structure et délimite l’expérience » (Travis 2008) et à réfléchir aux diverses formes que peuvent prendre la protestation et l’activisme transnationaux (della Porta/Tarrow 2005).

Voici des exemples de sujets liés à la thématique choisie :

  • L’engagement théorique : Quels travaux théoriques se prêtent le mieux à la recherche sur activiste éditorial ? Comment voir sous un nouveau jour les modèles théoriques normalement utilisés en histoire du livre et de l’édition — peut-être en brouillant le circuit de la communication (Levy, 2014) ? Comment amener le champ des études sur le livre à être à l’écoute, à repenser ses impensés disciplinaires et à s’engager dans de nouvelles voies ?

  • Les mouvements politiques et sociaux progressistes : Comment réagit le milieu de l’édition en contexte de répression politique ? De quelle façon les plateformes d’édition ont-elles été utilisées pour soutenir les causes progressistes (ou pour leur faire obstacle) ? 

  • La diversité et la bibliodiversité : Quels facteurs (institutionnels, politiques, économiques, culturels) contribuent au manque de diversité dans le monde de l’édition ? Quelles formes d’activisme seraient le plus en mesure de soutenir la bibliodiversité dans le monde du livre (Audet/Jeannotte 2011 ; Noël 2021) ?

  • L’activisme identitaire : Comment la culture du livre contemporaine peut-elle donner lieu à l’activisme identitaire (par ex. pour les personnes autochtones, LGBTIQA+, âgées, appartenant à des minorités ethniques ou linguistiques, migrantes ou réfugiées, ayant un handicap ou une incapacité, jeunes, aux études, dont l’identité de genre est non normative) ? Comment les auteurs et autrices, les traducteurs et traductrices, les diffuseurs, les libraires et les intermédiaires culturels (qui produisent les critiques, les blogues, les publications sur les réseaux sociaux) et les lecteurs et lectrices… contribuent à ce que les groupes sous-représentés soient davantage vus et entendus ? A-t-on des exemples des pratiques permettant aux personnes marginalisées de faire valoir leurs intérêts ? Dans quelle mesure ces pratiques sont-elles efficaces ?

  • Les supports médiatiques : En quoi le type de support médiatique (livre audio, livre numérique, livre imprimé, blogue, document partagé sur une plateforme numérique, etc.) a-t-il une incidence sur l’activisme ? Quels médias numériques et non traditionnels (zines, projets collaboratifs, autopublication, etc.) se prêtent le mieux à l’édition activiste, et pourquoi ?

  • Le transnationalisme : Quels contextes nationaux, transnationaux et internationaux contribuent le plus à la bibliodiversité (ou à son absence) ? Quand et comment passe-t-on d’une perspective axée sur les contextes nationaux à une perspective plus large axée sur les communautés transnationales et sur la solidarité transnationale ? Quels aspects des dynamiques de pouvoir internationales continuent de miner l’industrie de l’édition dans les économies en voie de développement ? 

Le livre Book History (2019), écrit par Stevie Marsden et Rachel Noorda, apporte un éclairage sur le domaine de l’édition et du livre au XXIe siècle. Dans ce sillage, nous accueillons les méthodologies inédites et les théories issues d’autres disciplines et qui ouvrent les horizons de la recherche sur le livre et l’édition. Nous sommes particulièrement intéressés d’entendre ce qu’ont à dire les universitaires venant de groupes ou de nations sous-représentés afin de faire davantage entendre leur voix au sein de la communauté des historiens et historiennes du livre.

Placé sous la direction de Rachel Noorda (Portland State U.), Corinna Norrick-Rühl (U. of Münster) et Elizabeth le Roux (U. of Pretoria), le numéro est disponible à l’adresse suivante : https://www.erudit.org/fr/revues/memoires/2022-v13-n2-memoires08103/.