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Les lymphocytes : une arme contre les virus

La quantité de particules virales influence notre réponse immunitaire

Le professeur Martin Richter
Le professeur Martin Richter
Photo : Robert Dumont

Lorsqu’un individu attrape une grippe, on parle alors d’un virus. On se rappelle l’épidémie de grippe H1N1 et les conséquences de celle-ci. La solution a été un vaccin, qui consiste à injecter le virus mort afin que l’organisme produise des anticorps et ainsi, créer une réaction immunitaire.

Lorsque nous sommes infectés par le virus de la grippe, il est difficile de savoir quelle quantité de particules virales est à l’origine de notre infection. Martin Richter, professeur au Département de médecine de la Faculté de médecine et des sciences de la santé et chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS, a posé une question plus précise à la science. La dose infectieuse peut-elle être liée au développement de l’immunité?

La réponse est oui.

L’immunité est en fait une mémoire qu’a notre organisme sur la nature de ses opposants. Ainsi, un individu qui a déjà eu la grippe est immunisé à vie contre la même souche de grippe. Malheureusement pour nous, il est très peu probable que ce soit exactement la même souche virale qui revienne d’année en année vu la grande capacité du virus de la grippe de se modifier. La mémoire immune se divise en deux, la mémoire immune centrale et la mémoire immune tissulaire. On peut comparer ces deux types de mémoire immune, l’une aux soldats à la caserne, soit au quartier général, et l’autre aux soldats, sur le front.

Le professeur Richter a constaté au terme de son étude qu’une faible charge virale initiale – qui n’est pas considérée comme une grande menace pour l’organisme – sera accompagnée d’un faible degré d’inflammation et sera contrée par la production d’anticorps et par la génération de lymphocytes spécifiques au virus. Par contre, ces lymphocytes, soldats envoyés pour contrer le virus, retourneront tous aux ganglions, soit au quartier général, au terme de la réponse. Ainsi seulement une mémoire immune centrale sera générée.

Dans le cas d’une forte charge virale initiale, par exemple celle de la grippe H1N1, celle-ci engendrera une inflammation plus prononcée et une production de lymphocytes spécifiques au virus en plus des anticorps, mais cette fois-ci, une partie des lymphocytes générés retournera aux ganglions tandis que l’autre partie restera dans les tissus du système respiratoire, soit sur le front. Ainsi, le corps conserve la mémoire du virus dans ses tissus et sera en mesure de le contrer plus efficacement en cas de réinfection.

«L’avantage de ce type de mémoire lymphocytaire est que ces lymphocytes ont la capacité de reconnaître d’autres souches du virus de la grippe, augmentant ainsi nos chances de protection contre une infection par un virus qui aurait, par exemple, un visage un peu différent quant aux antigènes de surface : H1N2, H3N2, etc.», explique le professeur Richter.

La quasi-totalité des vaccins d’aujourd’hui misent sur la production d’anticorps. Or, l’étude de Martin Richter montre que les lymphocytes sont des armes très efficaces contre les virus. Au final, la recherche ouvre la voie au développement de nouveaux vaccins plus efficaces qui miseront sur la production de lymphocytes et non uniquement d’anticorps. L’étude, réalisée entièrement à Sherbrooke, a fait l'objet d'une publication dans le Journal of Leukocyte Biology.


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