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Quatre étudiants de l’UdeS créent une clinique de réadaptation en Haïti

Un stage unique et des résultats positifs majeurs

À l'arrière : Annie Sheehy, Catherine Blackburn et leur superviseure de stage Josée-Anne Dunberry. À l'avant : Mourad Gharbi, Maxime Chagnon et William Alexis, de l'Hôpital de la communauté haïtienne.
À l'arrière : Annie Sheehy, Catherine Blackburn et leur superviseure de stage Josée-Anne Dunberry. À l'avant : Mourad Gharbi, Maxime Chagnon et William Alexis, de l'Hôpital de la communauté haïtienne.
Photo : fournie

Du 29 août au 10 octobre, quatre étudiants de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS ont implanté une clinique de réadaptation à l’Hôpital de la communauté haïtienne de Port-au-Prince. Contrairement aux stages réalisés jusqu’à maintenant en Haïti qui visaient à offrir des soins de santé d’urgence des suites du tremblement de terre de janvier 2010, l’objectif était cette fois-ci d’instaurer des services de réadaptation permanents. Mission accomplie.

Mourad Gharbi, Annie Sheehy, Catherine Blackburn et Maxime Chagnon, étudiants de 4e année aux programmes de maîtrise en ergothérapie et en physiothérapie de l’École de réadaptation, sont désormais reconnus comme les pionniers de l’instauration d’une clinique de réadaptation en Haïti. Une grande étape de franchie dans l’amélioration de l’offre de soins en réadaptation offerte dans ce pays.

«Au début, nous avions peur qu’il n’y ait pas assez de patients. Nos aptitudes ont rapidement été mises à contribution puisqu’au final les besoins en termes de réadaptation sont très grands», mentionne Mourad Gharbi.

Un accomplissement professionnel et personnel d’importance

Le quatuor a fait preuve de beaucoup de courage et de détermination pour affronter les défis en réadaptation d’un pays qui se cicatrise lentement de ses blessures. Dans bien des cas, les stagiares ont dû faire preuve d’ingéniosité, au-delà de leurs compétences comme thérapeutes, pour explorer de nouveaux rôles reliés aux besoins de la communauté locale.

«Nous avons été surpris par la réaction de certains patients, explique Annie Sheehy. Le contexte culturel en Haïti fait en sorte que les gens qui sont malades arrêtent toutes leurs activités quotidiennes et sont dès lors pris en charge par les membres de leur famille par solidarité. C’est dans les mœurs. Or, la réadaptation permet aux gens qui sont aux prises avec des déficiences physiques ou cognitives de redevenir fonctionnels. Un défi de taille où il y a non seulement les aspects techniques de la réadaptation à implanter mais aussi tout un volet de sensibilisation à l’égard de la réadaptation en général et de l’importance de bouger.»

Mourad Gharbi, Annie Sheehy, Maxime Chagnon, Catherine Blackburn et leur superviseur de stage Lionel Hugonnier.
Mourad Gharbi, Annie Sheehy, Maxime Chagnon, Catherine Blackburn et leur superviseur de stage Lionel Hugonnier.
Photo : fournie

Parmi les nombreux besoins en réadaptation, les étudiants ont été confrontés à plusieurs cas d’accidents vasculaires cérébraux, d’orthopédie (des fractures, par exemple) et de traumas, d’atteintes évolutives et de déconditionnement physique, sans compter les cas pédiatriques comme les retards de développement et les maladies génétiques.

Souvent, ils ont constaté que des patients vivent aujourd’hui avec les séquelles de blessures pour lesquelles ils n’ont pas reçu les soins adéquats dans des délais raisonnables. En effet, quelques années après la déclaration de leur maladie, certains patients se retrouvent avec de nombreuses incapacités.

«Ça a été une occasion de nous donner confiance en nos capacités et une meilleure connaissance de nos limites en tant que thérapeutes. Dans certains cas, ce que nous pouvions faire était limité. Parfois on se sent mal de ne pas pouvoir aider davantage, mais référer le client au bon professionnel de la santé fait aussi partie de notre travail, explique Maxime Chagnon, et c’est un travail accompli.»

Jusqu’à maintenant il y a eu beaucoup de va-et-vient en Haïti. L’idée d’implanter une clinique de réadaptation permanente en collaboration avec le personnel local implique un rôle de formation. Les étudiants ont donc dû à la fois dispenser des services et former une relève.

«On ne peut pas changer Haïti, mais on peut l’influencer. De retour au Québec, ce n’est pas le temps d’arrêter de vivre parce que là-bas il y a des gens qui souffrent. Les réalités sont tellement différentes. Je crois que l’important, c’est qu’entre notre stage et le prochain, la clinique puisse continuer d’offrir ses services. Je souhaite que la clinique s’implante bien au fil du temps», explique pour sa part Catherine Blackburn.

Selon Mourad Gharbi : «Haïti est un pays pauvre, mais culturellement riche. C’est un pays qui gagne à se faire connaître malgré la misère et les préjugés qui sont véhiculés. Depuis le tremblement de terre, la situation s’améliore, et nous sommes heureux d’avoir contribué à ces améliorations.»

Les étudiants de retour au Québec ont déjà commencé la transmission de leur savoir à ceux qui partiront pour Haïti dans quelques semaines afin de poursuivre le travail qu’ils ont commencé. Pour eux, tous les voyages sont une occasion d’apprendre, mais celui-là a été particulier. La reconnaissance des patients et leur attitude positive a été gratifiante. «Le peu que nous avons réussi à faire a été important. Nous avons l’impression de léguer quelque chose», soulignent-ils.