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Recherches novatrices menées à l’Université de Sherbrooke

Nouveaux polluants persistants au Canada : serons-nous plus proactifs qu’avec les BPC?

Sherbrooke, le 28 janvier 2008 – Un nouveau type de polluant pourrait affecter le développement du fœtus et engendrer des complications de la grossesse, publiait récemment le journal Liaison. C’est ce que démontrent les résultats préliminaires des travaux de Larissa Takser, spécialisée en toxicologie environnementale. La professeure de l’Université de Sherbrooke étudie les effets des polybromodiphényléthers (PBDE) sur le fonctionnement de la glande thyroïde chez la femme enceinte.

Les PBDE, très similaires aux BPC, sont ajoutés à divers produits de consommation courante, tels que les textiles, les plastiques, les isolants des fils électriques, les ordinateurs et les voitures pour les rendre moins inflammables. Toutefois, lorsque le produit est chauffé, les PBDE sont libérés dans l’air. Une fois absorbés, ils s’accumulent et demeurent dans notre organisme.

Les niveaux des PBDE dans l’environnement, quoique faibles actuellement, sont en perpétuelle hausse en Amérique du Nord. Des données récentes indiquent que les niveaux de PBDE dans le lait maternel des femmes nord-américaines augmentent de façon exponentielle, doublant à tous les cinq ans. Bien que la toxicité des PBDE soit étudiée chez l’animal, on connaît moins bien les conséquences sur la santé chez les humains.

« L’exposition aux nouveaux polluants persistants présents dans l’environnement, tels que les PBDE, constitue un problème de santé publique alarmant, indique la professeure Takser, rattachée au Département de gynécologie-obstétrique de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Les règlementations actuelles ne tiennent pas compte de la fragilité fœtale aux effets toxiques des polluants. Le but de mes recherches est nul autre que de faire réglementer ces substances, comme c’est le cas en Europe, avant qu’elles ne nous envahissent »

Résultats préliminaires qui démontrent la toxicité des PBDE

Pour mieux comprendre les effets toxiques des PBDE, la professeure Takser, en collaboration avec plusieurs chercheurs de l’Université de Sherbrooke, a étudié ces effets sur les moutons et les rats en gestation. Une exposition de la femelle gestante aux doses extrêmement faibles des PBDE était suffisante pour les retrouver dans l’organisme de la portée.

« Chez les ratons, on a noté une baisse notable de l’hormone thyroïdienne, une hyperactivité, une augmentation significative du poids corporel et un problème d’assimilation du glucose, affirme la

chercheuse. De plus, on a noté une nouveauté jamais publiée à ce jour : l’atrophie de la glande surrénale et une diminution de la corticostérone, deux éléments essentiels qui permettent à l’organisme de s’ajuster au stress. »

De nombreux impacts possibles sur le développement du fœtus humain

La professeure Larissa Takser s’affaire maintenant à jeter les bases scientifiques nécessaires à l’élaboration de politiques préventives par les autorités canadiennes. En collaboration avec le Service d’endocrinologie du CHUS, elle valide ses recherches sur les femmes enceintes de la région de Sherbrooke pour évaluer les impacts des PBDE sur les fœtus. En début de grossesse, lorsque le fœtus ne possède pas encore de thyroïde, les hormones thyroïdiennes de la mère assurent le bon développement du fœtus et particulièrement celui de son cerveau.

Dans certains cas, les hormones thyroïdiennes de la femme enceinte peuvent chuter : c’est l’hypothyroïdie. Cette hypothyroïdie pourrait affecter le développement cérébral de l’enfant. Des troubles de l’attention et du comportement tels que l’hyperactivité et l’anxiété peuvent alors survenir.

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Renseignements : Larissa Takser, professeure et spécialiste en toxicologie environnementale

819 820-6868, poste 15809; Larissa.Takser@USherbrooke.ca