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Témoignages de pairs aidants et de personnes soutenues

Chaque petit geste peut faire la différence

Dans chaque unité de travail, des pairs aidants sont outillés pour guider des collègues qui vivent des difficultés.
Dans chaque unité de travail, des pairs aidants sont outillés pour guider des collègues qui vivent des difficultés.
Photo : Michel Caron

Un jour ou l’autre, nous sommes tous confrontés à des situations déstabilisantes qui peuvent fragiliser notre santé psychologique. Il y a autant de manières d’y réagir qu’il y a d’individus, mais il suffit parfois d’un coup de pouce, ou d’une oreille compatissante, pour contribuer à renverser la vapeur. C’est précisément le genre de petits gestes que posent les 122 membres du personnel désignés comme pairs aidants, auprès de leurs collègues de travail. Au lendemain d’une rencontre marquant la 3e année d’existence du programme, nous avons recueilli quelques témoignages qui permettent de mieux cerner comment les pairs aidants interviennent au quotidien. Tous les prénoms sont fictifs.

Des gestes simples

Marie-Josée a côtoyé plusieurs fois une collègue épuisée qui avait manifestement besoin d’aide, mais qui refusait de se l’admettre. Un jour, elle lui a remis un dépliant portant le titre évocateur Est-ce que ça va vraiment bien?. Le document évoquait quelques éléments clés qui constituent des menaces à une bonne santé psychologique. Après lecture de ce document, sa collègue a décidé de consulter son médecin, qui lui a prescrit un congé de repos de quelques mois. Cette période l’a amenée à accepter son besoin de prendre soin d’elle, puis tout est rentré progressivement dans l’ordre. Aujourd’hui, elle est de retour au travail et fonctionne normalement.

Marie-Josée relate une autre situation où elle a épaulé une personne ébranlée par une rupture. «Une séparation juste avant les fêtes, c’est vraiment difficile. Or, durant cette période, les collègues proches étaient en congé. L’envoi d’un courriel pour simplement demander "comment ça va aujourd’hui? " était une forme de présence qui faisait un grand bien.» Cette initiative s’est accompagnée d’une suggestion de consulter le programme d’aide au personnel.

Une écoute active

Suzanne a bénéficié des conseils de Marie-Josée et a apprécié la délicatesse de son approche : «Lors de discussions, elle m'a aidée à identifier des pistes, des solutions afin de bien identifier et de résoudre mes problèmes. Jamais elle ne m'a dit tu devrais faire ceci ou cela, mais elle m'a souvent acheminé des courriels de référence, qui pourraient m'aider à régler ou à comprendre le problème en question.»

Le simple fait de se sentir écoutée a été d’une grande aide, poursuit-elle : «On ne trouve pas toujours la solution à nos problèmes, mais juste de l'évacuer sans se sentir jugé nous aide, et souvent, à seulement en parler, on trouve nous-mêmes les solutions à nos problèmes parce que la personne a su simplement nous écouter sans aucune autre implication de sa part.»

Simon abonde dans le même sens : «C'était facile de lui parler, de me confier. Elle ne porte pas de jugement et se montre très respectueuse des autres. J'ai eu besoin d'elle à quelques reprises, car il y a eu des journées sombres pendant cette période. J'avais besoin de réconfort, de petits conseils, et elle m'a aidé grandement dans cette étape de ma vie. Je lui en suis très reconnaissant, car moi-même je n'aurais peut-être pas eu la patience d'écouter les problèmes d'un collègue de travail», dit-il.

Des antennes déployées

Active au sein des Pairs aidants depuis deux ans, Lorraine trouve cette implication très valorisante : «Je me sens plus outillée et mes petites antennes sont toujours prêtes à venir en aide à ceux ou celles qui le souhaitent.»

Estelle, qui a profité du soutien de Lorraine, considère que l’intervention s’est faite de la meilleure manière qui soit : «Lorsque le questionnement touche le travail, c’est normal d’éprouver une légère crainte à en parler à un collègue même affublé du titre de "pair aidant". J’ai pu constater que ces personnes savent détecter certains signes et, avec beaucoup de perspicacité et de discrétion, elles nous offrent de l’écoute, de l’information, et la liberté de choisir. Ces judicieux conseils m’ont permis de voir les pièces du puzzle sous un autre angle.»

Geneviève a elle aussi vécu une situation conflictuelle au travail, qui mobilisait ses pensées et drainait toute son énergie. Elle se sentait «perdue et à bout de souffle». Un collègue lui a suggéré de rencontrer un membre du programme Pairs aidants. «Enfin, j’ai pu mettre une nouvelle paire de lunettes, car je voyais embrouillé. J’ai franchi une marche à la fois en suivant mes indications intérieures. On m’a aussi dirigée vers l’aide appropriée dans ma situation. Quel soulagement de sentir la petite tape dans le dos, les bons mots ainsi que ceux qui vous encouragent», dit-elle.

En toute simplicité

En tant que pair aidante, Marie-Josée croit à l’importance de mener un suivi occasionnel – verbal, téléphonique ou par courriel – pour soutenir des collègues en situation délicate. «Les cas sont souvent subtils, sans rendez-vous officiel, mais l’aide est bien réelle! La relation de confiance se développe et parfois même l’amitié aussi. En retour, le sentiment d’avoir pu apporter du soutien et de l’écoute, sans jugement, est bien satisfaisant. Je me sens pair aidante en tout temps, dans toutes sortes de circonstances de la vie, et pas seulement auprès de mes collègues!» conclut-elle.

Les pairs aidants peuvent apporter leur soutien pour des difficultés touchant autant à la vie personnelle et professionnelle que relationnelle. Toutes les situations des plus bénignes au plus graves peuvent être facilitées par un pair aidant. Le pair aidant sait guider succinctement pour préciser les besoins et identifier les ressources appropriées de la personne et de l’extérieur.

Aux dires de plusieurs pairs aidants, le programme crée de plus en plus d’ouverture au vécu psychologique et stimule l’entraide et la collaboration entre collègues.


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