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Carnets de voyage

Merci, système public

Manifestation étudiante au Campus de l'Université de San Bernardino, en Californie.
Manifestation étudiante au Campus de l'Université de San Bernardino, en Californie.
Photo : Mathieu Courchesne

Mathieu Courchesne, étudiant au baccalauréat en communication, rédaction et multimédia, revient d'une session d'échange en Californie. Il nous raconte sa prise de conscience quant aux bienfaits du système public de santé et d'éducation.

Nathonas Duro a bien failli ne jamais pouvoir entrer à l’université. Issue d’une famille pauvre, elle n’avait pas les moyens de se payer des études supérieures.

C’est pourquoi elle a travaillé d'arrache-pied pour se permettre le luxe d’obtenir un diplôme. À un certain moment, elle avait trois emplois en même temps, en plus de ses cours.

Son histoire, comme bien d’autres vécues lors de mon passage en Californie, m’a démontré l’injustice d’un système qui privilégie les riches et qui oublie les pauvres.

J’ai rencontré Nathonas sur le campus de l’Université d’État de la Californie à San Bernardino. Ce jour-là, les étudiants avaient organisé une grande manifestation pour protester contre la hausse de leurs frais de scolarité.

La Californie fait face à un déficit sans précédent. Pour économiser, le gouverneur Arnold Schwarzenegger a réduit les dépenses un peu partout, y compris dans le système d’éducation.

Les conséquences sont nombreuses. L’offre de cours et de services a diminué. Des membres du personnel universitaire ont été mis à pied. Et puis il y a eu cette hausse des frais de scolarité. Une hausse de 32 %. Étudier aux États-Unis est déjà beaucoup trop cher. Ce fut la goutte qui a fait déborder le vase.

Les étudiants dénoncent la hausse du coût des études.
Les étudiants dénoncent la hausse du coût des études.
Photo : Mathieu Courchesne

Apprendre à faire des sacrifices

«Nous nous battons pour notre avenir, m’a dit Nathonas. Ce genre de décisions se prennent lorsque nos voix restent silencieuses. C’est le moment de nous faire entendre. J’ai fait tellement de sacrifices pour arriver jusqu’ici. Je veux que les générations futures n’aient pas à en faire autant.»

Malheureusement, la mobilisation étudiante ne semble pas assez forte pour faire changer les choses. De plus, la population ne se joint pas au mouvement. Bref, avant de pouvoir apprendre quoi que ce soit à l’université, les jeunes Américains issus de familles pauvres devront continuer d’apprendre à faire des sacrifices.

C’est vrai pour l’éducation et c’est aussi vrai pour le système de santé. Pendant que les élus débattent toujours de la réforme du système de santé, des millions d’Américains n’ont toujours pas de couverture médicale. Encore une fois, on parle ici des plus pauvres.

«Avez-vous une assurance?»

C’est la première chose que la réceptionniste m’ait demandée lors de mon arrivée à une clinique sans rendez-vous en novembre. Heureusement pour moi, la réponse était oui.

Nul besoin de vous dire que j’ai été traité comme un roi. Je n’ai pas attendu une seule seconde. En fait, c’est le médecin qui attendait derrière le comptoir pendant que je remplissais des formulaires. La visite a duré 20 minutes au total et mon petit problème était réglé.

Merveilleux, n'est-ce pas?

En fait, peut-être pas… En sortant de la clinique, j’ai repensé à Nathonas. J’ai repensé à tous ces Américains qui n’ont pas d’argent. Ils ne peuvent pas aller à l’université. Ils ne peuvent pas se présenter à la clinique non plus parce que, évidemment, lorsqu’on répond «non» à la question «Avez-vous une assurance?», la visite se termine.

Nous avons souvent tendance à nous plaindre du système de santé et d’éducation québécois. D’une réforme à l’autre, nous nous perdons. Tout semble coûter trop cher. Nous attendons trop à l’hôpital et c’est presque impossible d’avoir un médecin de famille. Oui, nous avons nos problèmes.

Cependant, il faut bien admettre que notre système a un avantage majeur. Il est juste pour tout le monde. Je préfère encore attendre avant de voir le médecin tout en sachant que des gens qui ont un besoin plus urgent de soins pourront les obtenir, peu importe leur classe sociale.

C’est le choix que nous avons fait. Lorsque je compare ce choix avec ce que j’ai vécu en Californie, je me dis que nous avons de quoi être fiers.

Merci, système public.