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Carnets de voyage

L’Afghanistan, au-delà des idées reçues

L’Afghanistan : ses montagnes couleur sable et ses vallées verdoyantes
L’Afghanistan : ses montagnes couleur sable et ses vallées verdoyantes

Marguerite Nebelsztein, étudiante en histoire d’origine française en échange à l’UdeS, a fait un stage en Afghanistan par l’entremise de la section sherbrookoise de l’Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales (AIESEC). Elle était la première étudiante d’une université canadienne à réaliser un tel stage. Avec ce stage dans le profil communication, elle s’occupait de l’infolettre d’une université privée de Kaboul. Dans ce témoignage, elle parle des Afghans qui s’activent à reconstruire leur pays.

Je suis arrivée en Afghanistan le 19 juin, et dès 9 h du matin, il faisait affreusement chaud. Ça change du climat québécois! J’ai tout de suite été accueillie par la famille d’un membre de l’AIESEC et je me suis sentie comme à la maison. Les Afghans sont extrêmement accueillants et ils vont tout faire pour que vous vous sentiez à votre aise.

Visite près de la tombe du commandant Massoud dans la région du Panshir
Visite près de la tombe du commandant Massoud dans la région du Panshir

Le travail qui m’attendait correspondait exactement à ce à quoi j'aspire : je ne pouvais pas rêver d’une meilleure formation pour mon futur métier. Mes motivations pour le départ étaient de changer mon opinion sur le pays ainsi que de découvrir la vraie nature de l’Afghanistan et de ses habitants. Je n’ai pas été déçue.

Invitée à un mariage

Dès mon premier jour, on m’invite à un mariage, celui d’un des meilleurs amis de mon hôte. La cérémonie est en deux temps. Le samedi, la soirée henné, surtout pour les femmes, et le lendemain dans un hôtel pour la cérémonie proprement dite. Je vais pouvoir découvrir l’hospitalité afghane.

Comme je n’ai pas de vêtements parce que ma valise a été perdue, on me prête une tenue de type indien. Mais puisque la cérémonie de cet après-midi est traditionnelle, la tenue sera sans doute plus adéquate qu’une robe qui bien que longue, est de style trop occidental. Toute emmitouflée dans des voiles alors que dehors la température crève, je suis partie pour la fête.

Costumes traditionnels afghans
Costumes traditionnels afghans

La fête se déroule dans une petite cour. Les enfants courent partout, on me regarde avec amusement et interrogation. Deux garçons d’environ 13 ans chantent et jouent, l’un du tambour, l’autre d’une sorte d’accordéon posé à terre, comme un piano à soufflet qu’il actionne d’une main et dont il joue de l’autre. Des femmes en tenue de fête dansent au milieu sur des tapis et les autres regardent, assises sur des coussins colorés.

Enfin la mariée et le marié entrent dans la courette (le marié peut venir chez les femmes, mais les hommes ne doivent pas voir la mariée). La mariée porte une robe improbable et ses cheveux sont attachés en un chignon très sophistiqué. Son fond de teint est très blanc et ses yeux et lèvres, qui brillent de paillettes, tranchent sur son visage ainsi éclairci. Elle ne sourit pas. On ne doit pas sourire.

Puis on ramène une sorte de pièce montée contenant du henné dans lequel baignent des bougies. J’ai l’honneur de mettre sur la main de la mariée le premier pâton de henné. Selon la tradition, celles qui font cela seront mariées dans l’année. Well, we’ll see, comme on dit là-bas. Le lendemain, je vais assister au mariage proprement dit, après avoir acheté une robe afghane traditionnelle pour l’occasion.

Un pays à découvrir

Les Afghans se sont montrés très accueillants.
Les Afghans se sont montrés très accueillants.

La vision de l’Afghanistan que propose les médias se résume souvent à dénombrer les soldats tués par d’affreux talibans enturbannés ou à montrer des photos de pauvres enfants en guenilles apeurés par l’ombre d’un soldat américain qui va les délivrer du joug islamiste.

Oui, l’Afghanistan est l’un des pays les plus pauvres du monde; oui, tout est à reconstruire. Par contre, c’est sans doute l’un des endroits les plus beaux du monde. Parfois on pourrait le comparer au jardin d’Eden! On voit des montagnes couleur sable dont les vallées sont parcourues par des torrents entourés de vert et des champs qui produisent quantité de fruits et légumes, des melons et des pastèques gros comme des cuisses de coureur de 100 mètres.

On rencontre partout des gens tellement accueillants qu’on se demande pourquoi ils se font la guerre, si ce n’est à cause de l’occupant qui fait peu d’efforts pour les comprendre ainsi que des décisions des hauts intérêts géopolitiques.

Au quotidien, la sécurité à Kaboul n’est pas une préoccupation constante. Si l’on compare le nombre d’attentats avec ceux qui surviennent dans les pays voisins – comme l’Irak ou le Pakistan – on constate qu’ils sont beaucoup moins fréquents à Kaboul. Oui, nos soldats meurent et certaines zones sont hasardeuses ou très sécurisées. Mais la vie à Kaboul est intense et les gens ne restent pas terrés chez eux, bien au contraire.

Tous les jours, des Afghans dynamiques et souvent très jeunes se battent pour reconstruire leur pays. À 20 ans, beaucoup de gens ont une expérience professionnelle que peu d’entre nous pourraient se vanter d’avoir. Partout, les compagnies fleurissent, tout comme les immeubles et les gigantesques salles de mariage, qui sont bien la preuve que les gens ont une vie. Le vendredi, jour de congé, les familles ne sont pas terrées dans leur maison par peur, mais l’on sort dans les jardins qui parsèment la capitale et les environs, comme ceux de la région de Parwan juste au nord.

Cela dit, tout n’est pas rose, mais des millions de gens se battent pour se trouver un futur. Partis de rien en 2001, les Afghans ont tout à refaire dans tous les domaines : l’éducation, les routes, la santé, les infrastructures. Tout est un défi.

La guerre n’est pas finie, mais quelle guerre?

Partir : une expérience qui transforme

À la lumière de mon expérience, je souhaite vraiment que les étudiantes et étudiants de l’UdeS puissent comprendre à quel point une association comme l’AIESEC est une opportunité extraordinaire qui leur est offerte.

Partir n’importe où dans le monde est quelque chose qui nous fait changer, qui nous fait réfléchir sur nous-mêmes et sur le monde dans lequel nous vivons. On ne revient pas la même personne, mais enrichi des gens rencontrés qui ont partagé cette expérience.


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