Briser l'isolement et échanger au-delà des apparences

Je venais tout juste de sortir d’une année extrêmement complexe. Perte de contrôle sur ma vie, perte de sens, sentiment de vide intérieur, insatisfactions dans mon domaine d’études. J’étais triste, je me trouvais inutile et faible. Durant cette période de grands changements, j’avais besoin de me sentir à nouveau en contrôle de mon environnement, j’avais besoin d’un objectif. Je cherchais quelque chose de concret, je voulais des résultats rapides. Mon choix s’est alors arrêté sur la modification de mon image corporelle, la seule chose sur laquelle j’estimais avoir du pouvoir à ce moment-là de ma vie.

Sans le savoir, ce choix m’amenait dans la direction d’une relation extrêmement toxique avec mon corps, où j’allais vouloir perdre du poids par presque tous les moyens possibles. Cela est progressivement devenu obsessif m’a rendue extrêmement seule, malgré les gens autour. Les beaux moments avec mes proches étaient teintés de préoccupations qui m’éloignaient toujours un peu plus du moment présent.

J’étais devenue convaincue que les gens m’apprécieraient davantage et que ma vie allait recommencer à être satisfaisante le jour où j’aurais perdu assez de poids. Il était trop tôt dans mon processus pour que je comprenne qu’assez, ça n’arriverait jamais.

Après un certain temps, j’ai commencé à comprendre que j’avais un problème qui n’était pas mon poids. J’ai réalisé les dangers de ce que je vivais et j’ai compris que le problème, il était bien réel, mais il était dans ma tête plutôt que dans mon corps. J’ai décidé d’avoir un suivi personnalisé avec une nutritionniste et une psychologue et peu à peu, j’en ai parlé avec mes amies. Je me suis rendu compte que je n’allais pas bien et que mes stratégies de réconfort alimentaire étaient inefficaces dans le but poursuivi de me sentir mieux, de m’aimer et d’être aimée. À l’aide d’un mélange de connaissances et de partage d’émotions, j’ai réussi à progressivement m’en sortir. Plusieurs fois j’ai cru que c’était fini, mais le chemin fut laborieux!

L’atelier du Service de psychologie et d’orientation Au-delà des apparences, où j’ai fait la rencontre de femmes extraordinaires et préoccupées, chacune à leur façon, par leur image corporelle, a été un moment charnière dans ma guérison.

Les enjeux corporels se vivent souvent seuls, dans notre tête, et partager mon expérience m’a permis de légitimiser mon vécu, d’apporter plus de légèreté face à mes préoccupations et de briser mon sentiment d’isolement. J’obtenais alors une partie de l’apaisement autrefois recherché par des comportements alimentaires problématiques.

Aujourd’hui, je constate le chemin parcouru pour sortir de mon trouble alimentaire. Parfois, la petite voix revient, mais elle n’est plus aussi forte que la mienne. Je suis fière de dire que j’apprécie tous les moments que je passe avec les autres, que je consacre mon temps et mon énergie à des choses qui m’intéressent et me font sentir heureuse, utile, confiante et forte.

Bhavani Therrien, étudiante en politique appliquées

Si vous vous reconnaissez dans ce partage, n’hésitez pas à consulter et/ou à participer aux ateliers qui débutent le 29 octobre.

Écoutez l'épisode « Image corporelle et troubles alimentaires » du balado Être et Liberté, auquel Bhavani Therrien, autrice du témoignage ci-haut, et Anne-Marie Caron, psychoéducatrice, cocréatrice et animatrice des ateliers de groupe « Au-delà des apparences, pour une meilleure relation avec soi », ont contribué.

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Courriel : spo@USherbrooke.ca