Distributrice de sourires
Je ne connais pas beaucoup de monde à Sherbrooke. Ma famille, mes amis et mon amoureux sont à plusieurs heures de route d’ici. Résultat : je me sens vraiment seule. Bien sûr, j’ai rencontré des personnes sympathiques dans mes cours. Tout de même, nous ne nous connaissons pas encore très bien. J’avais oublié à quel point le développement d’une amitié profonde peut prendre du temps… J’entretiens des liens avec les mêmes amis depuis des années, et en ce moment, je me sens vraiment loin d’eux.
Ma solitude a atteint son paroxysme dimanche dernier. Je suis restée à Sherbrooke tout le week-end, car j’avais trop d’étude à faire; je ne pouvais pas me permettre de retourner chez moi. J’ai donc passé la fin de semaine enfermée dans ma chambre pour étudier. Dimanche après-midi, je n’en pouvais plus. J’étais déprimée, j’avais une boule dans la gorge, je n’arrivais plus à me concentrer et je me sentais tellement seule au monde! En regardant le soleil à travers la fenêtre, je regrettais que mon amoureux ne soit pas avec moi pour aller profiter du bel après-midi. Je lui ai téléphoné pour lui partager mon ennui et mon envie qu’il soit à mes côtés, puis il m’a dit : « Vas-y quand même! Fais comme si j’étais là et va profiter du beau temps! ». Au début, je trouvais son idée vraiment mauvaise! Je me disais que j’aurais l’air bizarre aux yeux des autres parce que j’étais toute seule. J’avais peur que les gens pensent que je n’ai pas d’amis. J’ai hésité un peu, puis j’ai décidé de l’écouter et je me suis rendue au Lac des Nations.
Il y avait plein de monde… dont plusieurs personnes seules! Une fois sur place, j’ai presque oublié ma solitude. Je regardais les arbres, les oiseaux, les enfants qui courent ou qui se promènent à vélo, les personnes âgées qui ont l’air heureuses, les coureurs… Après avoir croisé quelques personnes qui m’ont gentiment saluée, j’ai décidé d’en faire de même. À partir de ce moment-là, je cherchais le contact visuel des personnes que je croisais pour leur offrir un beau « Bonjour! ». Certaines d’entre elles étaient d’abord surprises, puis elles me rendaient la pareille, sourire aux lèvres. Je me plaisais à penser que j’étais une « distributrice de sourires » qui ajoutait un peu de bonheur dans la vie des gens… ou du moins dans la mienne! En effet, je suis revenue chez moi un peu plus énergisée et surtout, avec le sentiment d’être moins seule. Au plaisir de vous croiser quelque part dans Sherbrooke… et de vous sourire!
Geneviève Gilbert, psychologue
Service de psychologie et d’orientation