L'incompréhension et le vide...
Mon père s’est suicidé il y a sept ans. Il s’est tiré une balle avec un fusil de chasse. C’est ma sœur qui l’a trouvé dans le garage. J’avais quinze ans. Mon père était un homme peu communicatif, mais, malgré cela, je savais qu’à cette période de sa vie ça n’allait pas bien pour lui. Quelque chose le dérangeait à son travail. Il n’y était pas heureux. Il s’était mis à boire. Je crois que c’est ce qui causait des tensions entre mon père et ma mère. Peut-être était-il déprimé?
Quand j’ai appris la nouvelle, je ne voulais pas y croire. Même lorsque j’ai vu son corps inanimé, il me semblait qu’il s’agissait d’un mauvais rêve et, qu’en vérité, il vivait toujours quelque part. Je suis passé de l’incrédulité à la colère. Je lui en ai voulu d’avoir été un homme si fermé et de ne pas avoir su parler de ce qu’il vivait. Puis, j’ai pensé que j’aurais pu être un meilleur fils pour lui. Je lui aurais dit que, malgré tous les défauts que je lui trouvais, il était mon père et je l’aimais. Je lui aurais dit que j’avais besoin de lui comme guide pour l’homme en devenir que j’étais. Nous aurions été plus proches et j’aurais pu l’aider. Je lui aurais dit que même lorsqu’on ne voit que la mort comme issue possible à nos problèmes, il y a toujours au moins une autre solution. C’est seulement qu’on ne peut la voir dans notre état de détresse. Je l’aurais encouragé à aller chercher de l’aide et je l’aurais même accompagné.
Aujourd’hui, je ne comprends toujours pas pourquoi il s’est suicidé, mais je ne lui en veux pas. Pas plus que je condamne son geste. J’ai appris à vivre avec cette réalité. Je sais aussi que, au moment où cet événement est survenu, je n’aurais pu faire plus. Je lui parle souvent dans ma tête. Il me semble que nous n’avons jamais été aussi près l’un de l’autre. Il y a même des jours où j’ose croire que, où qu’il soit, il veille sur moi…
Johanne Bernatchez, psychologue
Service de psychologie et d’orientation
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