Quand revenir prend du temps

Je me sens triste, je n’ai pas le goût de me lever, je ne trouve pas de sens à ce que je fais en ce moment. Je ne sais pas quoi faire pour me sentir mieux. Ça fait déjà six mois que Sophie et moi on n’est plus ensemble. Pourtant, je me sens toujours aussi mal. Comme si ça venait tout juste d’arriver. J’ai un gros point au cœur quand je revois son visage dans ma tête. Je pense à nos moments où on relaxait ensemble et qu’on parlait de tout et de rien collés sur le divan.

Les gens me disent de me changer les idées et d’en revenir une fois pour toutes. Quoi de plus fâchant que de me faire dire ça? Ben oui, en revenir, connais-tu le chemin pour le faire, parce que moi non! Je me trouve faible de ne pas être capable de passer à autre chose après tout ce temps.

J’en ai parlé à mon ami Phil. Il a perdu sa mère récemment et a dû faire un suivi en psychologie parce que ça commençait à affecter ses études. À ce qu’il paraît, ça peut prendre en moyenne deux ans pour faire un deuil. Le deuil, ça s’applique à tout : décès, rupture, perte d’emploi, transition, etc. Je n’y avais pas pensé, mais en quelque sorte ma rupture me fait vivre un deuil. Le deuil de la belle relation que j’ai eue. Il m’a dit que ce qui l’aide le plus, c’est de se donner le droit de vivre sa tristesse, sa colère et même son amertume. Y paraît que c’est normal d’avoir toutes ces émotions et qu’il faut prendre le temps de les digérer, sans chercher à les fuir.

Depuis, j’arrête de me taper sur la tête par rapport au fait d’être encore tout à l’envers. Je recommence à faire du sport, à voir des amis et je continue mes cours malgré tout. J’en parle avec des amis qui me comprennent et me soutiennent. Je me rends compte que ça fait de moins en moins mal avec le temps. C’est normal d’avoir encore mal, mais je sais que ma douleur aura une fin. Je sais qu’éventuellement, quand tout ça sera digéré, avec le temps qu’il faut, je pourrai me sentir de nouveau heureux. Je sens déjà que ça me fait grandir.

Mariève Croteau, psychologue
Service de psychologie et d’orientation