Témoignage
Assis entre deux chaises
Je suis un indécis chronique. J’ai changé deux fois de programme d’études, je n’arrive pas à m’engager dans une relation amoureuse en étant sûr que c’est la bonne et ça me prend une éternité à choisir ce que je vais manger quand je vais au restaurant. On dirait que j’ai toujours peur de me tromper dans les choix que je fais et d’être déçu après, comme si je voulais avoir le beurre et l’argent du beurre. En fait, même quand je ne fais pas de choix, ça implique que j’en fais un : celui de stagner. Pourtant, puisque je ne l’assume pas vraiment, ça me rend anxieux et j’ai l’impression de subir ma vie plutôt que de la choisir.
En fait, je pense que je ne me connais pas très bien et que je ne me fais pas assez confiance. J’ai envie de cibler un peu plus ce que j’aime et ce que je n’aime pas, mes passions et mes compétences. Je fais souvent des choix en fonction de ce que les autres vont penser ou je demande leur opinion pour me valider et confirmer ce que je pense. Par exemple, j’ai déjà laissé une fille parce que j’avais l’impression que mes amis ne l’aimaient pas et mes parents ont beaucoup influencé mon choix de carrière.
À l’avenir, j’aurais peut-être avantage à m’en remettre plus à moi-même pour mes décisions et à ne pas trop m’inquiéter de me tromper. Sans dire que je ne demanderai plus jamais l’opinion des autres, je vais essayer de le faire moins souvent. Plutôt que d’avaler tout rond ce que les autres me disent, je vais prendre le temps de le digérer et de me questionner sur ce que moi, je veux. En réalité, quoi que je choisisse, il y aura toujours des bons et des mauvais côtés. Je n’ai qu’à les évaluer du mieux que je peux, selon mes propres besoins, et à en assumer les conséquences après. Qu’est-ce qui peut arriver de si grave si je suis déçu du mets que je choisis ? Je saurai simplement que ça ne me plaît pas et j’en connaîtrai déjà un peu plus sur moi. La déception passagère doit être moins pénible que l’indécision chronique, en réalité. Et puis, j’aurai bien le droit de changer d’idée si je réalise qu’un choix que j’ai fait ne me convient plus. Après tout, il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée!
Sophie Boudrias, psychologue
Service de psychologie et d’orientation
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