Post mortem
« Toi aussi, tu as été touchée par le suicide? »
« Oui, mon ex. Heureusement, nous l’avons trouvé à temps. Après les premières stupeurs, j’ai été tellement en colère contre lui! Je lui en voulais de ne pas m’avoir dit à quel point il était mal. Cela a ébranlé la confiance que j’avais en lui. À tout moment, par la suite, j’avais peur qu’il me cache quelque chose. Je crois que c’est ce qui a entraîné la rupture à la longue. Il a compris depuis que c’est important d’en parler quand ça ne va pas. Même si cela fait maintenant partie du passé pour moi, je crois que cela va me marquer pour le reste de ma vie. »
« Oui, je comprends. C’est un peu la même chose pour moi. C’est une blessure avec laquelle je devrai vivre, moi aussi, le reste de ma vie. Quand mon père s’est suicidé, il nous a laissé une lettre disant qu’il ne serait plus un poids pour personne. Il n’allait pas bien, mais restait secret là-dessus. C’était dur de savoir qu’il souffrait, mais maintenant qu’il n’est plus là, c’est encore plus difficile. Il croyait nous délivrer, il se trompait. C’est tout à fait le contraire qui s’est produit. J’ai tellement été en colère contre lui. Je me suis sentie trahie et abandonnée. Comme si l’amour que j’avais pour lui n’était rien. Je lui ai pardonné depuis, mais parfois, quand je m’ennuie de lui, la colère me monte encore. »
Johanne Bernatchez, psychologue
Service de psychologie et d’orientation