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Appel à communications | 18e colloque étudiant en littérature canadienne comparée

Perdre le nord / Losing One’s Bearings: territoires, tensions et technologies

18e colloque étudiant en littérature canadienne comparée
Université de Sherbrooke, 27 mars 2020

Ce colloque a pour but d’explorer le sentiment de perte qui s’inscrit entre les langues, les littératures, les cultures et les espaces, ainsi que de chercher de nouvelles orientations et de parcourir les identités et significations nouvelles de ces phénomènes. Parce qu’il remet en question les frontières, les normes, les tensions et les origines dans un contexte colonial et dans les expériences autochtones du soi, de l’espace et de la communauté, le recueil de nouvelles This Accident of Being Lost: Songs and Stories, de Leanne Betasamosake Simpson, nous pousse à repenser notre perception du monde. Nancy Huston, dans son essai nommé Nord perdu, explore également ce que signifie de vivre en tant qu’expatrié.e, d’un point de vue transnational et translinguistique, interrogeant ainsi la notion d’un espace ou d’une langue propres. Nous sommes à la recherche de communications dont les objets d’étude sont la traduction, la littérature ou toute autre performance culturelle, et qui explorent l’entre-deux et la liminalité ainsi que la perte de repères ou la recherche de nouvelles orientations. Nous encourageons notamment la réflexion sur la perte identitaire et la construction de nouvelles identités, principalement au Québec et au Canada, en termes de temps et d’espace fluctuants, de tensions culturelles et d’évolution des technologies, qui entrainent une remise en question des frontières ainsi qu’une nouvelle cartographie des identités personnelles et collectives.

Perdre le nord à l’intérieur de frontières politiques, géographiques ou imaginaires implique une recherche sans fin de la bonne direction. En français, « perdre le nord » signifie être désorienté, ne pas savoir où l’on se trouve et vers où l’on se dirige, dans l’espace comme dans sa manière d’être – le fait d’être ébranlé, troublé, affolé. En anglais, l’expression « losing one’s bearings », ou « taking one’s bearings », sous-entend une prise de conscience de sa position, en lien avec son environnement et certains points de repère, suggérant ainsi que la localisation spatiale est relationnelle et peut ouvrir la voie à de nouveaux espaces, de nouveaux horizons et de nouvelles connaissances. De plus, le terme « bearing » peut faire référence à la manière de se tenir ou d’être en mouvement, autrement dit, la pertinence d’acquérir de nouvelles façons de voir et d’agir à partir de notre corps. Notons par exemple les différentes façons dont les corps en mouvement font l’expérience de l’espace (Stanford Friedman); ou les façons dont les corps, les formes et les mouvements sont investis de sens et de mémoire en tant que signifiants (David Harvey, Michel Foucault); ou encore les façons dont les distinctions entre les corps humains, les nouvelles technologies, les machines, les animaux et les choses inorganiques sont de plus en plus floues (Donna Haraway, Samantha Frost). De récentes études sur l’écocritique, le genre et le post-humanisme remettent en question ce que signifie l’atteinte de nouveaux horizons en traversant des espaces liminaux qui gardaient jusqu’ici les anciennes frontières basées sur le spécisme, l’hétéronormativité et l’exceptionnalisme humain face aux machines et aux cyberréalités. Les frontières ne sont pas toujours externes; elles sont d’ailleurs souvent internalisées : le fait de les reconnaître et de les transgresser permet de trouver de nouvelles versions de soi (Judith Butler). À travers le déracinement qui a lieu aujourd’hui, on peut retrouver les savoirs traditionnels ou en faire advenir de nouveaux. On en vient à se demander ce qu’est une frontière : une délimitation territoriale ou normative? Franchir une frontière suppose qu’elle soit reconnue, voire construite – d’un point de vue postcolonial, une frontière culturelle, par exemple. En outre, le multilinguisme au Canada illustre bien l’ambivalence concernant la notion de territoires.

Perdre de vue le nord, c’est aussi perdre ses moyens, sa réalité, sa vérité, son point de référence et, peut-être se perdre soi-même. Les diasporas et les expatriés ne perçoivent pas seulement l’exil comme un sentiment de perdition ou une perte, puisque dès lors que nous sommes déracinés ou relocalisés, de nouvelles significations et orientations peuvent être explorées. Les tensions importantes, créées par le déracinement, se trouvent entre la sensation de se perdre et celle de mieux comprendre les nouvelles possibilités qui s’offrent à soi et au monde, deux états à la fois transgressifs et hybrides.

Les communications peuvent aborder les conséquences du déracinement et de la désorientation, en particulier dans les littératures québécoises, canadiennes et autochtones, notamment par l’entremise des thèmes suivants :

  • Déplacement, dislocation culturelle, déterritorialisation
  • Perte de territoire, déracinement, aliénation, dépossession (territoriale)
  • Perdre le nord, nordicité, écocritique, menaces à l’identité locale ou régionale
  • Multilinguisme, traduction culturelle, interculturalisme et transculturalisme
  • Losing one’s bearings, se retrouver, explorer de nouvelles significations
  • Nouveaux Mondes, Anciens Mondes, Autres Mondes et non-lieu
  • Penser la frontière, la liminalité, la transgression des normes, reconceptualiser l’espace
  • Tensions culturelles, conflits, confusion, dépaysement
  • Ségrégation, exclusion, ghettoïsation et lutte
  • Nouvelles technologies, post-humanisme et transidentités
  • Poétiques de l’exil, du retour, de la recherche du chez-soi, de la création d’un lieu et de l’appartenance
  • Dislocations culturelles dans la littérature et représentations de la transgression
  • Espaces traduits, perdus en traduction, intraduisibilité

Veuillez faire parvenir votre proposition de communication de 250 mots et une courte notice biographique (150 mots) à l’adresse courriel TTT2020Usherbrooke@gmail.com au plus tard le 30 janvier 2020. Nous acceptons les propositions en français et en anglais. N’oubliez pas d’inscrire votre nom, votre affiliation universitaire, votre programme d’études, votre adresse courriel ainsi que le titre de votre communication dans un fichier au format .docx à joindre à votre courriel.