Arnaud Huftier

La consultation d'archives littéraires permet d'observer des variantes d'écriture lors de la réédition de certains livres. Si les retouches sont courantes, qu'en est-il des cas plus rares d'écrivains ou d'écrivaines qui en viennent à changer radicalement leur style, voire l'intrigue elle-même, et ce, à plus d'une reprise? Quelle est la portée de ce geste recréateur? Si l'auteur met à mort le texte original pour le faire dialoguer avec les nouvelles lignes de force du champ littéraire, la réécriture produit-elle un enfermement ou une libération? Se pose en ces termes la question de la coexistence des réécritures et des nouvelles publications avec une œuvre inlassablement reconstruite. Se pose aussi alors la question de l'héritage, lorsque l'écrivain propose différents récits d'époque. Peut-on parler de chefs-d'œuvre d'époque ou aborder les réécritures par le prisme d'une versatilité qui brouille le dessein de la voix de l'écrivain?  Nous passerons ici au crible les problèmes à la fois techniques, esthétiques et institutionnels que cela implique, en nous appuyant sur des exemples emblématiques dans les lettres belges au 20^e siècle.

Arnaud Huftier est Vice-Président délégué à la culture, aux initiatives et à la citoyenneté, et Professeur à l'Université Polytechnique Hauts-de-France.Titulaire d’un Doctorat en littérature comparée soutenu en 2001, il est habilité à diriger des recherches (2015, Paris Sorbonne).

Il est spécialiste du dialogue littéraire dans les pays bilingues (Belgique, Canada…) et des «littératures de l’imaginaire». À ce titre, il a écrit sept ouvrages (sur l’impensable; S.-A. Steeman; le fantastique néerlandais; Michel Tremblay; et trois ouvrages sur Jean Ray), dirigé 17 ouvrages (sur Rosny aîné; les stratégies de traduction; Pierre Boulle; le froid et le chaud, ou les glaces d’Haïti; le roman policier belge; Washington Irving; Margaret Atwood; Mobilités dans les récits et les arts visuels…), organisé six colloques internationaux, et publié près de 80 articles.

Ill est directeur de publication de la revue internationale Otrante (Kimé), et membre du comité de rédaction de quatre revues internationales. Son dernier essai sur Jean Ray (Jean Ray. L’Alchimie du mystère, Belles Lettres/Encrage, 2010) a été honoré du Grand Prix de l’imaginaire en 2011. Lauréat Fulbright Scholar en 2010, il a aussi obtenu une Bourse de recherches du Gouvernement canadien en 2009, ainsi que le Prix du rayonnement international des lettres belges en 2011.