Autonomie et ordre maternel dans Les chambres de bois d'Anne Hébert
Isabelle BOISCLAIR
Cette lecture s'attache à démontrer que le récit Les chambres de bois (1958), s'il se situe au pays de Catherine, est, du point de vue de la temporalité, placé sous l'égide de la mère. Il apparaît que la mort de la mère est le référent temporel primordial du récit, configurant tant son cadre initial que sa clôture. Ce cadre initial est caractérisé par l'état d'abandon dans lequel la mort de la mère a laissé la fille. Abandonnée sans repères et sans guide dans l'ordre patriarcal, la fille est appelée à connaître le même sort que sa mère, ce que celle-ci refuse. Même morte, la mère intervient comme instance sémiotique pour émanciper sa fille de l'assujettissement auquel la destine cet ordre. Une fois sa fille sauvée, l'instance maternelle peut définitivement disparaître, ce qui détermine la fin du récit.